Francontraste 2023

Section Sciences du langage

HORGA Damir
Faculté de philosophie et lettres, Université de Zagreb, Croatie
NIKIN Žarko
Centre des langues étrangères, Faculté de philosophie et lettres, Université de Zagreb, Croatie

Le son parlé : but et moyen de communication verbale

La parole avec toutes ses composantes physiques, biologiques, psychologiques et cognitives, est à la base de la communication verbale. Même quand il semble que la communication verbale n’est pas orale, la parole est latente et potentiellement présente en elle. C’est pourquoi la production et la réception du son parlé sont une condition nécessaire de la communication verbale. Le rôle crucial du son parlé dans la communication verbale, Petar Guberina l’a démontré d’abord dans le discours normal (stylistique de l’oral), puis dans les cas de déficience auditive (pathologie auditive) et d’apprentissage des langues étrangères (système d’erreurs). Comme le cerveau prend la décision perceptive finale, il a besoin de recevoir un son vocal plus riche. C’est pourquoi, dans les procédures de rééducation, le son vocal subit des transformations acoustiques afin d’obtenir sa forme optimale pour transmettre une certaine composante vocale (du rythme, de l’intonation ou du son particulier). Les exigences phonétiques spécifiées ont été mises en place par différents appareils électroacoustiques SUVAG (Système Universel Verbo-tonal d’Audition Guberina). Leurs caractéristiques et les principes de base de la théorie verbo-tonale sont présentés dans le film comme un témoignage historique du rôle de Petar Guberina dans le développement de la théorie et de la pratique de la théorie verbo-tonale.

Mots-clés : parole, son, transmission du son, les fréquences optimales de la parole, le système verbo-tonal

LOPEZ GARCIA Patricia
Faculté de Philologie, traduction et communication, Université de València, Espagne
CARRERA-SABATÉ Josefina
Université de Barcelone, Espagne

Incidences acoustiques des positions et des mouvements corporels
sur la qualité des voyelles en français

L’un des principaux postulats méthodologiques du système verbo-tonale (Guberina 1970) est que le son est le résultat de la globalité corporelle et que le corps est essentiel pour améliorer la production et la perception de la voix. L’étude de Pouw (2019) révèle d’une part, une synchronie “mouvement-phonation” concernant la position du corps, l’interdépendance mécanique entre les parties du corps et les articulations, et d’autre part que les mouvements de haute intensité pouvaient altérer le F0.

L’utilisation conjointe de gestes et de positions corporelles serait-elle un outil efficace de remédiation de la production langagière en situation d’enseignement-apprentissage d’une langue étrangère ?

Peu d’études ont analysé l’impact des positions associées aux mouvements corporels sur la prononciation. Cependant celles de Flory et Stone (2015) et celles de Delhoume et Ferragne (2018) sur l’influence de différentes positions couchées lors de productions vocaliques montrent bien l’intérêt de ces d’analyses.

L’objectif de cette recherche est d’analyser les modifications acoustiques sur la production de voyelles en français, en fonction des différentes positions et mouvements corporels. Une recherche préalable sur les voyelles catalanes (2022) avait déjà révélé que les gestes avaient un impact sur F0 et F1, alors que les différentes positions affectaient plutôt l’intensité et le F3 et le F4. Notre objectif aujourd’hui est de vérifier si dans le cadre de productions vocaliques françaises par des locutrices francophones dans différentes positions corporelles (position allongée, assise et debout) et des mouvements (facilitateurs et inhibiteurs) ces mêmes constats se confirment.

Mots-clés : prononciation, verbotonal, posture, tension, macromotricité

MENG Yiqing
Université de Bourgogne, France

La genèse des caractères chinois dans la perspective de Gustave Guillaume :
de l’observation à la conceptualisation du monde

Le facteur de « temps » dans la psychomécanique du langage de Gustave Guillaume occupe une place primordiale et marque bien l’esprit guillaumien selon lequel toute propriété linguistique est conçue comme un résultat d’un processus mental se déroulant dans le temps intitulé, le temps opératif. Dans cette perspective, il propose la notion de « lexigenèse » qui explique la formation mécanique du mot dont se composent deux types d’opérations engendrées par le système cognitif du sujet pensant : l’idéogenèse et la morphogenèse. Le premier lui donne un sens particulier, ou un « sémantème » avec une forme basique qui le fait différencier des autres ; le second lui fournit des formes grammaticales en orientant cette « base du mot » vers la partie du discours. L’ensemble de cette double opération se déroule aussi dans le temps opératif.

Compte tenu des enjeux temporels de la méthode guillaumienne, ma future présentation porte sur la genèse des caractères chinois. Conçu comme unité minimale de la chaîne parlée et aussi celle écrite, les caractères chinois ne sauraient être considérés comme de simples unités linguistiques, mais ce sont aussi des empreintes graphiques issues des activités cognitives des sinophones après la découverte et l’observation du monde physique. De ce sens, l’analyse de la genèse des caractères chinois consiste à analyser les liens intrinsèques entre les sinogrammes cognitivement motivés et leurs représentations physiques de la réalité, généralement parlant, les liens intrinsèques entre l’activité mentale et l’acte de s’exprimer.

Mots-clés : linguistique cognitive, psychomécanique du langage, Gustave Guillaume, lexigenèse, caractère chinois

MESSMER Alexis
Faculté de philosophie et lettres, Université de Zagreb, Croatie

Sur les états de l’idiome et ses transitions de phase

Empruntant à la science physique les notions d’état de la matière (gazeux, liquide, solide) et de transition de phase, nous les appliquons à la langue.

Il s’agit en premier lieu d’émettre l’hypothèse de la matérialité de l’idiome en définissant les propriétés de ses états, par analogie avec celles de l’eau (de la glace à la vapeur). Pour ce faire, nous relevons d’abord, dans le langage courant et les idiomatismes, les occurrences métaphoriques relevant de la matérialité de la langue (“boire les paroles”). En nous appuyant sur des extraits littéraires (Bachelard, Gracq, Rabelais, Péguy), nous exposons ensuite quelques-unes des réflexions sur ce thème de la matérialité de l’idiome. Enfin nous établissons que l’écrit relève de l’état solide, l’oral de l’état liquide et la pensée de l’état gazeux.

En second lieu, il s’agit de formuler les implications de cette analogie avec l’élément hydrique en concevant les transitions de phase associées aux états de la langue : comment la langue passe-t-elle d’un état à l’autre ? Ce faisant, apparaissent six figures conceptuelles : le comédien qui effectue la fusion (solide>liquide), l’écrivain exerçant la condensation (gazeux>solide), l’orateur qui se charge de la liquéfaction (gazeux>liquide), l’auditeur qui opère la vaporisation (liquide>gazeux), le lecteur s’occupant de la sublimation (solide>gazeux) et finalement le greffier qui s’attable à la solidification (liquide>solide).

Pour conclure, il s’agira de mettre en parallèle le cycle de l’eau et celui du sens, entendu comme renouvellement du savoir transmis par la langue, en décrivant ses lieux conceptuels (glacier-bibliothèque, fleuve-agora,…).

Mots-clés : langue, eau, états et transitions de phase, matérialité, cycle