Francontraste 2023

Section Sciences du langage MESSMER Alexis

MESSMER Alexis
Faculté de philosophie et lettres, Université de Zagreb, Croatie

Sur les états de l’idiome et ses transitions de phase

Empruntant à la science physique les notions d’état de la matière (gazeux, liquide, solide) et de transition de phase, nous les appliquons à la langue.

Il s’agit en premier lieu d’émettre l’hypothèse de la matérialité de l’idiome en définissant les propriétés de ses états, par analogie avec celles de l’eau (de la glace à la vapeur). Pour ce faire, nous relevons d’abord, dans le langage courant et les idiomatismes, les occurrences métaphoriques relevant de la matérialité de la langue (“boire les paroles”). En nous appuyant sur des extraits littéraires (Bachelard, Gracq, Rabelais, Péguy), nous exposons ensuite quelques-unes des réflexions sur ce thème de la matérialité de l’idiome. Enfin nous établissons que l’écrit relève de l’état solide, l’oral de l’état liquide et la pensée de l’état gazeux.

En second lieu, il s’agit de formuler les implications de cette analogie avec l’élément hydrique en concevant les transitions de phase associées aux états de la langue : comment la langue passe-t-elle d’un état à l’autre ? Ce faisant, apparaissent six figures conceptuelles : le comédien qui effectue la fusion (solide>liquide), l’écrivain exerçant la condensation (gazeux>solide), l’orateur qui se charge de la liquéfaction (gazeux>liquide), l’auditeur qui opère la vaporisation (liquide>gazeux), le lecteur s’occupant de la sublimation (solide>gazeux) et finalement le greffier qui s’attable à la solidification (liquide>solide).

Pour conclure, il s’agira de mettre en parallèle le cycle de l’eau et celui du sens, entendu comme renouvellement du savoir transmis par la langue, en décrivant ses lieux conceptuels (glacier-bibliothèque, fleuve-agora,…).

Mots-clés : langue, eau, états et transitions de phase, matérialité, cycle