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Conférenciers pléniers résumés
Hommage à Vojmir Vinja à l’occasion de sa naissance en 1921
Bogdanka Pavelin Lešić / Dražen Varga, Université de Zagreb
Vojmir Vinja. Une vie dans les langues romanes.
Vojmir Vinja, académicien et professeur émérite de l’Université de Zagreb, était un linguiste et philologue spécialisé dans la linguistique et les langues romanes (1921-2007). En 1947, il termine ses études de langue et littérature françaises et de linguistique romane à la Faculté de philosophie et lettres de Zagreb. En 1952, il a soutenu une thèse doctorale sur les contacts entre les langues romanes et les parlers croates locaux sur l’île de Korčula. Depuis la fin des années 1950, il a dirigé la chaire de langue française et celle de linguistique romane jusqu’à sa retraite en 1988. La vision et l’engagement à long terme du professeur Vinja ont contribué à mettre en place l’enseignement des langues romanes autres que le français (le portugais, l’espagnol, le roumain). Sinon, leur enseignement tel qu’il existe aujourd’hui à la Faculté de philosophie et lettres de Zagreb serait à peine envisageable. Vinja a initié les études hispaniques à l’Université de Zagreb en 1968 (voir sa Grammaire de la langue espagnole en 1963 et le grand Dictionnaire espagnol-croate en collaboration avec R. Musanić, première édition en 1971).
L’œuvre de Vinja a apporté d’importantes contributions aux études linguistiques, françaises et romanes, notamment avec l’introduction de l’enseignement de la théorie saussurienne à l’Université de Zagreb, la terminologie qui en découle en croate et l’étude terminologique de la flore et de la faune de l’Adriatique et de la Méditerranée. Vinja consacre l’essentiel de ses recherches scientifiques aux relations linguistiques croato-romanes dans la zone adriatique et à la terminologie de la faune de l’Adriatique. Outre ses nombreux travaux consacrés à la langue, à la linguistique et à la littérature françaises, Vojmir Vinja a aussi acquis la célébrité en tant que traducteur d’œuvres classiques de la littérature ancienne, française et espagnole, en particulier les Œuvres complètes de Michel de Montaigne, mais aussi les Quinze joies de mariage, La Celestina de Fernando de Rojas, et le De vulgari eloquentia de Dante.
Vinja nous a légué des traductions en croate de plusieurs ouvrages linguistiques majeurs : la Grammaire générale de Port-Royal, le Cours de linguistique générale de Ferdinand de Saussure, le Vocabulaire des institutions indo-européennes d’Emile Benveniste. Sa fructueuse collaboration avec les milieux linguistiques étrangers, notamment pour l’élaboration de l’Atlas linguistique de la Méditerranée, est tout aussi importante.
Le professeur Vinja a été le premier à l’Université de Zagreb à enseigner la sémantique en tant que discipline linguistique moderne. Il veillait toujours à établir un rapport réciproque entre les théories étymologique et sémantique et leur application dans l’analyse d’un corpus concret, suivant de façon systématique les parallélismes et les différences dans la terminologie de la faune marine de la Méditerranée et des autres mers de par le monde. Grâce à cette méthode d’analyse, fondée sur une compréhension profonde des règles sémantiques, Vinja a mis en lumière des maillons étymologiques fiables là où l’approche traditionnelle demeurait impuissante. Une telle recherche réclamait non seulement une solide connaissance de la sphère historique et culturelle méditerranéenne dans son ensemble mais aussi un bagage imposant en biologie et en systématique scientifique. Son ouvrage majeur, de plus de 1000 pages, La faune adriatique. Étymologie et structure des dénominations présente en premier lieu les résultats de ses recherches personnelles sur l’étymologie et sur la structure signifiante des dénominations de poissons et autres animaux marins. L’auteur ne s’est pas arrêté à la forme phonique de la terminologie mais il a scruté avec une attention particulière la motivation sémantique des noms d’animaux marins. Il s’est efforcé d’élaborer une méthode d’analyse susceptible de contextualiser ce qui poussait les locuteurs à donner tel ou tel nom à tel poisson ou autre animal marin, et de pister les phénomènes apparentés et parallèles sur un vaste espace au-delà de l’Adriatique et de la Méditerranée. C’est pourquoi son ouvrage présente une valeur inestimable non seulement linguistique, mais aussi culturelle.
Mots clés : linguistique, langues romanes, étymologie, sémantique, terminologie
Samir Bajrić, Université de Bourgogne
Comprenons-nous bien en y renonçant
Dans un sillon méthodologiquement pluriel mais épistémologiquement non moins engageant, celui de certaines approches sociolinguistiques (à partir de “ce que parler veut dire”, P. Bourdieu), celui des linguistiques énonciatives et cognitives (A. Culioli, R.-W. Langacker, G. Guillaume, L. Talmy, G. Coll) et celui de la néoténie linguistique (S. Bajrić, R. Rezapour), le comprendre, en sa qualité de processus anthropo-phénoménologique, semble alimenter actuellement l’un des plus grands paradoxes apparents de notre époque : l’homme contemporain ne cherche plus vraiment à comprendre, il cherche plutôt à avoir compris. Le passage, quelque peu présomptueux, de l’infinitif présent à l’infinitif passé dans la phrase précédente ne saurait, en lui seul, traduire l’essentiel. En effet, portée par une ontologie physicaliste, qui conjugue quantophrénie, anomie, désubjectivation et individualisme, l’intercompréhension de nos jours repose de plus en plus sur une orientation herméneutique et interprétative nouvelle, où la démarche hypothético-déductive “à l’ancienne” n’a droit de cité qu’à certaines conditions. Ce sont ces dernières qui versent, en le fortifiant, dans le choix thématique du colloque Francontraste 2023, en tant qu’elles lui empruntent les bonnes notions de conceptualisation et de contextualisation discursives.
Admettons, l’espace d’un instant, que les problèmes de sens, de signification et d’interprétation aient préoccupé l’Homme tout au long de l’histoire des idées linguistiques, voire celle de la philosophie (du langage). Ce qui donnerait, succinctement, les rappels suivants (liste sélective) : l’antiquité grecque (sources européennes des études sémantiques), le Moyen Âge, la philologie pré-saussurienne, la sémantique lexicale de S. Ullmann, la sémantique structurale de A.-J. Greimas, la sémantique psychomécanique de G. Guillaume, la philosophie du symbolisme de E. Cassirer, la philosophie de l’imagination de M. Heidegger, ou, plus récemment, la sémantique interprétative de F. Rastier. Un examen approfondi de cette profusion de modèles théoriques permet d’en extraire une idée fondatrice nouvelle : pour comprendre, il convient de renoncer quasi-systématiquement à plusieurs mondes possibles (théorie véri-conditionnelle) pour n’en retenir qu’une voie unique et axiologiquement contraignante, celle qu’impose “le concept-contexte” de la visée discursive, assujetti à la variabilité des paramètres de l’acte de communication.
Mots clés : (le) comprendre, renoncement, concept-contexte discursif, sémantique des mondes possibles, domaine français
Jean-Claude Beacco, Sorbonne Nouvelle Université des cultures
Grammaire, lexique : même combat (didactique) ?
L’enseignement de la grammaire et celui du lexique sont deux domaines bien distincts de la didactique du français enseigné comme langue étrangère. Le premier, qui est aussi le plus représenté, a pour rôle de faire acquérir aux apprenants la morphologie et la syntaxe par des activités d’orientation explicative (description donnée par l’enseignant), par des activités analytiques (natures et fonctions), par des activités réflexives (« penser la grammaire à haute voix »)… La didactique du lexique a pour but de donner aux apprenants des stratégies pour comprendre le sens d’un mot en contexte ou celui des locutions (les phrasèmes de Mel’cuk) ; elles a aussi le but de décrire systématiquement le lexique dans des perspectives historiques (par ex. étymologie), formelles (par ex. préfixation, suffixation), sémantiques… Leurs projets formatifs sont donc différents.
On s’interrogera sur cette dimension de l’apprentissage grammatical, car elle remet en jeu la question du stockage mémoriel, à concevoir en relation avec les activités métalinguistiques réflexives.
Mots-clés : grammaire, lexique, didactique du FLE
Dominique Legallois, Sorbonne Nouvelle Université des cultures
Les relations localistes dans les constructions verbales
La communication porte sur les relations entre actants dans les constructions verbales du français : la construction transitive (N1 V N2), la construction transitive « indirecte » (N1 V N2 à N3), la construction dative à deux actants (N1 V à N2). À partir des réflexions de Bally (1932) et de Hjelmslev (1935), je propose de montrer comment dans ces constructions, les actants sont liés par des relations localistes de proximité, d’inclusion ou de distance (Legallois 2022) : selon les cas, l’actant objet est rapproché ou éloigné de l’actant sujet, l’actant sujet se rapproche (contact) de l’objet, ou encore l’objet est inclus dans la sphère du sujet, etc. Il s’agit ainsi de décrire des relations sémantiques primaires, à la base des relations syntaxiques. Ces relations sémantiques ont elles-mêmes pour origine des images schémas (Johnson 1987 que la linguistique cognitive a mis en évidence. Cette conception localiste pose des enjeux sémiotiques que j’essayerais de caractériser.
Bally Charles (1932) Linguistique générale et linguistique française, Paris
Hjelmslev Louis, [1935-1937], 1972, La catégorie des cas, Étude de grammaire générale, Universitetsforlaget i Aarhus, l935-37 ; réédition, Wilhelm Fink Verlag, Munchen.
Johnson Mark (1987) The Body in the Mind: The Bodily Basis of Meaning, Imagination, and Reason, University of Chicago Press, 1987.
Legallois Dominique, 2022, Une perspective constructionnelle et localiste de la transitivité, Londres, Iste group.
Mots-clés : constructions verbales, localisme, sémantique
Olivier Soutet, Sorbonne Université
La conceptualisation de l’approximation épilinguistique
à la construction discursive savante
La notion de conceptualisation est entendue de manière assez extensive
dans la communauté des linguistes, entre, d’un côté, acte de
discernement « automatique » (c’est-à-dire perçu comme « inconscient »)
et d’effet immédiat (c’est-à-dire produisant sans retard un signe),
opérant sur une donnée référentielle suivant une logique à la fois
particularisante et généralisante et, d’un autre, élaboration
problématisante, lente et incertaine, à l’intérieur d’un champ de savoir
réputé spécialisé et en général abstrait.
La communication tentera de saisir cet écart en s’arrêtant sur trois
modes de conceptualisation : (i) la conceptualisation « automatique »,
mais examinée à travers un semi-échec, dans les cas où elle n’est pas
jugée satisfaisante par le locuteur et implique alors une sorte de
correction discursive (niveau épilinguistique) ; (ii) la
conceptualisation « préconstruite » fondé sur un accord tacite de la
communauté (niveau métalinguistique, notamment observable dans le cadre
lexicographique) ; (iii) la conceptualisation « construite » par
recherche d’une universalité réputée opératoire dans un cadre discursif
savant clairement défini (niveau terminologique).
Mots-clés : épilinguistique, métalinguistique, terminologie,
lexicographie, universaux
Patrick Quillier, Université Côte d’Azur
Épos et parole intérieure
(Quelques réflexions anthropologiques,
linguistiques et poétiques sur la question de la conceptualisation et de
la contextualisation de la poésie épique aujourd’hui)
Il s’agira de se fonder sur les travaux des neurolinguistes,
tels que repensés par quelqu’un comme Gabriel Bergounioux, notamment
dans son livre Le Moyen de parler, Verdier, 2004. Les mécanismes
permettant l’énonciation seront étudiés à l’aune des travaux de Gabriel
Bergounioux, mais aussi de ceux de Jürgen Trabant et de tout le courant
dit acroamatique. Ces questions seront aussi abordées via les
contributions d’Alfred Tomatis. La conférence portera sur la question
suivante : genre par excellence de la « contextualisation », un épos
est-il possible en régime post-moderne ? Il s’agira de repenser l’épos
possible ici et maintenant en le reliant, tout autant qu’on l’aura
articulé avec les questions acousmatiques de la « parole intérieure »
(Victor Egger), à son archéologie, permettant de dépasser le vieux débat
entre « Anciens » et « Modernes ».
Mots-clés : endophasie, acroamatique, acousmatique, épos