Section Études littéraires
RHIMI Mohamed Lamine
Université de Tunis
Le logos atypique d’Édouard Glissant : une philosophie « anticonceptuelle » et une « anti-poétique »
À l’instar de la pensée archipélique d’Édouard Glissant qui remet en cause l’unicité de l’Histoire et épouse la variété des histoires, le multilinguisme s’emploie à descendre en flammes le monolinguisme, lequel s’avère être l’apanage des colonialistes. Ceux-ci s’efforcent de faire propager uniquement leur langue dans les colonies et partout dans le monde, tout en cherchant à étouffer les mots et expressions qui proviennent d’autres langues : « Longtemps aussi, l’arrogance et l’impérialisme monolinguistiques ont accompagné l’expansion occidentale. », lira-t-on à ce propos dans Le Discours antillais. De facto, la langue véhiculaire du colonisateur domine les idiomes locaux, la langue des esclaves et des colonisés. Ne s’agit-il pas ainsi d’un logos ou d’une écriture qui pratique « une littérature de la brisure […] de la fracture […] et de la rupture » ? Dans quelle mesure ce logos atypique de l’écrivain martiniquais constitue-t-il une philosophie anticonceptuelle et une « anti-poétique » ? Comment s’articule-t-il à la poétique de la Relation pour promouvoir un projet à la fois culturel et sociétal mondial ? Quelles en seront les retombées esthétiques, voire géopolitiques aussi bien sur les Caribéens que sur la « communauté-monde » ?
Mots-clés : anti-poétique, Édouard Glissant, esthétique, genre judiciaire, géopolitique, logos atypique
SAUCEY Médéric
IPC-Facultés Libres de Philosophie et de Psychologie, Paris
L’étonnement comme daimôn
“Au commencement était le Verbe […] et le Verbe était Dieu” (Jn 1, 1). Vidée de son contenu christologique, cette expression permet de manifester une forme déficiente de l’acte d’enseignement. Le « Verbe » pris au sens d’un contenu rationnel à transmettre serait la mesure absolue dans l’acte didactique (jouant en ce sens le rôle épistémique d’un « dieu »). En sens contraire, Molière affirme : « mon âme et mon corps marchent de compagnie » (Les Femmes savantes, acte IV, scène 2). Molière se fait ici le chantre du sens commun avant même que Thomas Reid théorise cette philosophie (Recherche sur l’entendement humain d’après les principes du sens commun). Cet appétit de connaître qui vient des tripes autant que de l’intellect s’incarne dans l’étonnement qui ose le pourquoi. Pourtant si cet appétit apparaît autant naturel que principiel (Aristote, Métaphysique, 982 b11), Descartes (Passions de l’âme, art. 76) comme Rabelais (Pantagruel, p. 157) ont manifesté l’importance d’éduquer cet appétit. A partir d’une lecture comparée de la Poétique d’Aristote et de l’œuvre de Rabelais, nous manifesterons que cet acte d’éducation appartient en propre à la littérature. Appliquant le fruit de notre étude à l’étonnement, nous pourrons affirmer d’une manière plus socratique : « Au commencement était l’étonnement, et l’étonnement était le daimôn ».
Mots-clés : Aristote, Etonnement, Rabelais
SOUAL Philippe
Institut Catholique de Toulouse
Le concept et le Je
Ma conférence portera sur le rôle du discours et du concept dans l’expérience de soi et dans la connaissance de soi. On peut croire qu’il existe une expérience muette, antérieure à la parole, à partir de laquelle le sujet advient de lui-même peu à peu au concept. Mais nous voudrions montrer que c’est plutôt le concept qui vient au sujet, afin de lui donner la parole tout en éclairant cette expérience, et que cette venue se fait par la médiation d’autrui, qui donne la parole. Car c’est ainsi que l’enfant déjà structure son vécu par la médiation des mots qu’il reçoit. Par conséquent, non seulement « c’est dans le mot que nous pensons », selon la formule de Hegel, mais c’est aussi dans le mot, grâce au mot et à la langue, que nous sentons, que nous imaginons et que nous agissons. Le concept, dans la parole, dans sa précision et sa richesse, organise donc la totalité de l’expérience humaine, et c’est lui qui permet au sujet de venir à soi en disant Je. L’étude des Confessions d’Augustin permettra d’examiner cette relation entre le Je et le discours, car c’est dans ce livre que le Je vient au questionnement philosophique pour soi-même, selon deux manières : d’abord, la découverte de la question, en première personne, « Moi, qui suis-je ? », et ensuite l’épreuve dans laquelle l’âme devient une question pour elle-même.
Mots-clés : Je, connaissance, Hegel, Augustin
TOMESCU Ana Marina
Université de Pitesti, Roumanie
Contrastes et clichés de la société française présents
dans la presse roumaine écrite
Dans la présente étude, nous proposons d’analyser la présence de certains contrastes, clichés ou stéréotypes qui existent sur la France et les Français et la manière dans laquelle ils se reflètent dans la presse écrite roumaine. Le plus souvent ce sont des stéréotypes véhiculés par les médias. Après une courte approche théorique, nécessaire pour clarifier quelques notions clés et souligner l’influence de la culture française sur la culture roumaine, la deuxième partie de notre étude portera sur une analyse pratique de plusieurs articles publiés dans la revue culturelle hebdomadaire Dilema veche et sur le site RFI Roumanie, à partir de 2006 jusqu’en 2022. Il s’agit d’un discours propre aux journaux et revues, qui s’adressent au grand public et chaque fois les lecteurs ont l’occasion de découvrir des numéros thématiques, y compris un format original qui met l’accent sur le débat d’idées. Ces publications représentent l’un des moyens par lesquels le public roumain est informé, influencé dans un certain sens, par rapport aux événements de la société française. Ils mettent en évidence la relation étroite entre le goût du public (le lecteur) et le produit médiatique (l’article lui-même) et proposent une approche réaliste et objective des réalités de la société française et roumaine. C’est ce que les spécialistes appellent la « fonction éducative-culturelle », de sorte que, les articles sélectionnés assument en réalité « la promotion des valeurs culturelles, des normes morales et sociales, etc., capables de cultiver des visions et des modèles de comportement appropriés dans la société » (Stepanov, 2018 : 47).
Mots-clés : contraste, cliché, interculturalité