Francontraste 2023

Section Didactique

BELKACEM Mohammed Amine
Université Batna 2, Algérie

Pour une (ré)intégration de la grammaire phrastique
dans les dispositifs de formation universitaire des enseignants de FLE en Algérie

La présente proposition tente d’interroger – sous un regard renouvelé – la possibilité de (ré)intégration de la grammaire phrastique en contexte de formation universitaire des enseignants de français en Algérie. En effet, force est de constater, qu’en dépit d’une dizaine d’années d’apprentissage du français, nombreux sont les étudiants qui éprouvent toujours des difficultés majeures en grammaire (aussi bien à l’oral qu’à l’écrit). Le recours systématique à la grammaire textuelle tout au long du cursus antérieur à l’université n’a vraisemblablement pas eu l’effet escompté, à savoir doter l’apprenant de compétences grammaticales opératoires et attestées. De nombreuses enquêtes (2015, 2021) démontrent que les étudiants de première année licence (et pas uniquement) ont du mal à surmonter des difficultés grammaticales élémentaires à l’instar des constructions syntaxiques de base et les différents accords à l’intérieur du groupe nominal et/ou verbal (accord des noms, des adjectifs, des verbes et des participes passés notamment).
Partant, quelle place doit-on accorder à la grammaire phrastique dans nos pratiques de classe en contexte universitaire ? La grammaire phrastique s’inscrit-elle toujours en porte-à-faux avec les principes d’une didactique efficace de la grammaire ? Nous estimons que le retour à la grammaire phrastique permettrait aux formateurs de formateurs de répondre en urgence aux besoins des étudiants nouvellement inscrits au département de français. Le défi est certes risqué mais demeure réaliste et pragmatique. Le projet s’inscrit dans la lignée des suggestions émises entre autres par Bronckart (2016). Ainsi, notre communication constituera un compte-rendu des tentatives de (ré)intégration de ce type de grammaire en contexte de formation de formateurs en Algérie.

Mots-clés : grammaire phrastique, grammaire textuelle, compétences, formation des enseignants

BLAŽEVIĆ Ana Gabrijela
FRANIĆ Ivana
PAVELIN LEŠIĆ Bogdanka
Université de Zagreb, Croatie

Utilisation des TIC dans l’enseignement
du français langue étrangère en Croatie

A l’heure actuelle, l’utilisation des technologies de l’information et de la communication fait partie de notre quotidien dans presque toutes les activités, y compris l’éducation. L’importance des TIC dans l’enseignement a été reconnue tant dans le contexte international que national, ainsi, la compétence numérique, en tant que condition préalable à l’utilisation des TICE, a été communément admise comme une des compétences clé des enseignants (Commission européenne, 2017 ; UNESCO, 2011, 2018 ; CARNet, 2016 ; Eaquals, 2013). Dans le contexte croate, les langues étrangères s’avèrent être la matière au sein de laquelle les outils numériques sont le plus fréquemment utilisés, ce qui éveille un grand intérêt auprès des apprenants. (Dekanić et al., 2019). L’objectif de cette recherche sera de donner un aperçu de l’utilisation des TIC dans l’enseignement du français langue étrangère en Croatie, par le biais d’une analyse de différents aspects : les conditions techniques de l’utilisation des TIC, les types de ressources numériques éducatives, la fréquence et l’objectif de l’utilisation des outils numériques, les difficultés et les freins lors de l’utilisation, ainsi qu’une estimation faite sur le rôle et la fréquence de l’utilisation des TIC en classe à l’avenir. Les données quantitatives et qualitatives ont été recueillies à l’aide d’un questionnaire en ligne, auprès d’un échantillon constitué de 48 participants, enseignants de français dans différents contextes éducatifs, ainsi qu’au moyen d’un entretien semi-structuré mené avec un groupe témoin. Les résultats indiquent que les enseignants disposent de l’équipement de base pour l’utilisation des TIC dans l’enseignement et qu’ils sont satisfaits de la qualité de l’équipement. Quant à la fréquence de l’utilisation, outre certaines difficultés, les enseignants utilisent les TIC en classe au moins quelques fois par semaine, avec l’objectif, pour la plupart, de visionner des vidéos. Pour ce qui est du rôle et du recours aux TIC en classe à l’avenir, les enseignants estiment qu’elles seront plus largement utilisées, tout en exprimant une certaine prudence.

Mots-clés : TICE, compétence numérique, français langue étrangère, ressources numériques éducatives, compétences clés des enseignants

CALINON Anne-Sophie
Université de Franche-Comté, France
VOLLE Rose-Marie
Université Montpellier III, France

Conceptualiser d’une langue à l’autre :
la distance métalinguistique en didactique
de la grammaire et en didactique des mathématiques

Nous proposons ici un regard croisé à partir d’un champ commun, celui de la didactique du Français Langue Etrangère. Rose-Marie Volle travaille en particulier sur des questions de didactique de la grammaire en contexte français langue étrangère (Étudiants internationaux niveau B1 à C1 de l’Université Montpellier 3). Anne-Sophie Calinon mène quant à elle un projet de recherche sur l’enseignement des mathématiques aux élèves allophones nouvellement arrivés (EANA) au secondaire. Tout apprentissage suppose une nouvelle conceptualisation de la réalité. Qu’en est-il d’un apprentissage qui se fait entre les langues ? Entre les différentes visions du monde que portent les langues (Humboldt) ou encore les différents systèmes symboliques qu’elles constituent (Saussure, Benveniste) ? L’apprentissage de la grammaire, nous le savons, implique une distance métalinguistique que nombre d’élèves, enfants ou adultes, n’adoptent pas spontanément. Nous entendrons la distance métalinguistique comme un retour réflexif sur les mots à partir desquels nous parlons (Authier-Revuz), une focalisation sur le signifiant plus que sur le signifié. Il y a une résistance à cette dissociation imposée par l’activité réflexive grammaticale contraire à l’usage des langues qui suppose un « oubli de la langue ». De même, la compréhension d’une consigne ou d’une notion en mathématiques suppose un retour réflexif sur les modes de catégorisation des langues et les mises en relation de ces catégories qu’elles proposent. A partir de données (interactions de classe, productions écrites, entretiens d’explicitation) recueillies sur les terrains (Étudiants internationaux à l’Université/Elèves allophones dans le secondaire ), complétées par une analyse d’erreur en didactique de la grammaire et des observations de classe en didactique des mathématiques, analysées dans une perspective interactionnelle, nous montrerons comment le passage d’une langue à l’autre ouvre la voie de la distance métalinguistique indispensable à toute forme d’apprentissage.

Mots-clés : distance métalinguistique, langue étrangère, grammaire, mathématiques

CHMIEL-BOŻEK Halina
Université Pédagogique de Cracovie, Pologne

Conceptualisation du français par le biais d’éléments
de la didactique intégrée avec la méthode C’est parti !

En Pologne, c’est l’anglais qui est la première langue étrangère obligatoire pour tous les élèves. Le français, en tant que deuxième langue étrangère au choix, est introduit le plus souvent au niveau du lycée. En commençant l’apprentissage du français, les lycéens polonais étudient donc l’anglais depuis au moins huit ans. Bien que l’approche actionnelle reconnaisse la légitimité d’exploiter des répertoires plurilingues et valorise la didactique  intégrée qui, comme l’écrit Michel Candelier consiste à « prendre appui sur la langue première (ou la langue de l’école) pour faciliter l’accès à une première langue étrangère, puis sur ces deux langues pour faciliter l’accès à une seconde langue étrangère » (2012 : 6), cette approche est très rarement exploitée dans la pratique scolaire en Pologne, surtout dans le cas de l’enseignement du FLE. Les manuels en vigueur n’encouragent pas les apprenants à percevoir des analogies entre les langues apprises lors de leur cursus scolaire. Dans la communication nous aimerions présenter comment, grâce aux éléments de la didactique intégrée, les apprenants peuvent être amenés à conceptualiser certaines structures de la langue française en profitant de leurs acquis de l’anglais. Nous illustrerons nos propos par des exemples tirés de C’est parti ! qui, en tant que seule méthode sur le marché polonais, exploite systématiquement les approches plurielles.

Mots-clés : didactique intégrée, approches plurielles, manuel, C’est parti !, FLE