Section Sciences du langage
DAMIĆ BOHAČ Darja
BERLENGI KAPUŠIN Vedrana
Faculté de philosophie et lettres, Université de Zagreb, Croatie
Valeurs modales et temporelles en français et en croate :
divergences et ressemblances
Dans cet article nous nous proposons de présenter les divergences des systèmes verbaux français et croate lesquelles se manifestent dans les oppositions des valeurs temporelles et modales des temps et des modes des deux langues. Ces divergences sont sources de difficultés auxquelles doivent faire face les apprenants de français croatophones.
Pour essayer de remédier aux mauvaises analogies intralinguistiques et interlinguistiques, faites par nos étudiants en philologie française, nous allons d’abord identifier les zones de difficultés potentielles qui se sont avérées plus que concluantes d’une génération à l’autre de nos étudiants, lesquels confrontés au fonctionnement d’une langue étrangère, en l’occurrence le français, cherchent à prendre appui sur les ressemblances avec la langue maternelle – le croate, ainsi qu’avec les autres langues de leur répertoire, quitte à négliger les différences.
L’approche contextualisée que nous privilégions a été développée dans les travaux de Damić Bohač (2016 ; 2019) dont l’objectif a été d’essayer de faciliter l’apprentissage du français en faisant mobiliser les savoirs explicites et implicites en grammaire des deux langues, et dans ce cas précis de leurs systèmes verbaux, dont celui du français est modal et temporel, alors que celui du croate, tout en étant modal et temporel est aussi aspectuel.
Pour poursuivre notre objectif, nous allons avoir recours à un corpus composé de productions écrites libres ou guidées de nos étudiants en philologie française de la Faculté des sciences humaines et sociales de l’Université de Zagreb (Licence et Master), de même que, au niveau Master, à un corpus de journaux de bord de nos étudiants en Filière enseignement.
Mots-clés : grammaire contextualisée, système verbal, valeurs modales, valeurs temporelles
DIANÉ Oscar Ambemou
Université Alassane Ouattara, Bouaké, Côte d’Ivoire
Les langues ivoiriennes dans les formes appropriées du français en Côte d’Ivoire :
une analyse des processus cognitifs et interprétatifs
Cette étude montre que les langues ivoiriennes tels que le Dioula, le Baoulé et le Bété sont bien présentes dans le français tel qu’il est parlé en Côte d’Ivoire. De sa « forme » originelle à sa mise en discours en Côte d’Ivoire, le français a subi et subit encore des variations tant aux niveaux phonétique, syntaxique que sémantico-pragmatique. Ses formes appropriées telles que le français populaire ivoirien, le français populaire d’Abidjan et le Nouchi sont des « alchimies linguistiques » du français standard et des langues locales. Dans ce mélange, chaque langue en contact ne conserve pas toute sa structure de base. Ainsi, les locuteurs se retrouvent en parfaite situation d’alternance codique. En d’autres mots, notre étude met en exergue la contribution de chaque langue en contact du point de vue de la cognition et de l’interprétabilité ; surtout au niveau des langues ivoiriennes étant donné que les locuteurs natifs sont le siège de tous ces changements cognitifs et interprétatifs. Dans une approche descriptive, nos analyses se basent sur les méthodes de l’analyse du discours. Notre corpus est constitué de données recueillies auprès de locuteurs parfaits de la langue française et de quelques langues ivoiriennes (Dioula, Baoulé, Bété), et de locuteurs partiels du français et parfaits d’une ou plusieurs langue(s) ivoirienne(s).
Mots-clés : langues ivoiriennes, français approprié en Côte d’Ivoire, alternance codique, changements cognitifs et interprétatifs
DOUARD Geneviève
Université de Bourgogne, France
Les conceptualisations mises en langue par les connecteurs logiques
dans les discours des leçons inaugurales du Collège de France
La « Leçon inaugurale du Collège de France », le livre, est une communication scientifique spécifique, prolongement d’une première conférence orale solennelle. Elle situe le nouveau professeur par rapport à ses prédécesseurs, fait état de sa recherche et ouvre sur son projet scientifique. Ainsi, le chercheur expose la démarche heuristique de ses découvertes. Le sujet pensant, à partir d’expériences et d’idées, va se saisir mentalement de représentations du monde et de connaissances. Celles-ci peuvent prendre forme de conceptualisation dans la pensée et cherchent à s’inscrire de manière accessible à travers la langue du sujet parlant, dans un discours (Guillaume : 1920). Ce processus s’élabore à partir d’expériences sensorielles, intellectuelles et langagières, mais aussi individuelles et sociales, dans une intention énonciative. Aussi, Bourdieu (1982) considère que les variations en langue issues de ces représentations, dans leur dimension sociale, peuvent « inclure dans le réel la représentation du réel », mais aussi que « la langue, le dialecte ou l’accent sont l’objet de représentation mentale ».
Dans ces discours, les connecteurs logiques, particulièrement de cause et de conséquence, peuvent être une composante linguistique soutenant et formant l’expression de la représentation d’un objet de pensée ou concept. Une réflexion s’ouvre alors sur la manière dont ils peuvent interagir dans la langue et le processus de conceptualisation, empreints de dimension socioculturelle, dans cette contextualisation particulière, les « leçons inaugurales ».
Mots-clés : conceptualisation, représentation, contexte, connecteurs logiques
FRANKOL Dunja
HERCIGONJA SALAMONI Darija
PAVIČIĆ DOKOZA Katarina
Polyclinique SUVAG Zagreb ; Faculté de philosophie et lettres, Université de Zagreb
Retour aux racines
Le film Martinska – Martinique (de Lawrence Kiiru, 1990) raconte les années que Petar Guberina a passées à l’Université de la Sorbonne à Paris, où commence son amitié avec le poète Aimée Césaire et où, en 1939, il soutient sa thèse de doctorat intitulée Valeur logique et valeur stylistique des propositions complexes. Dans cette œuvre précoce, il définit déjà tous les principes fondamentaux de sa linguistique de la parole sur lesquels il reviendra toujours et qui seront le fil conducteur de sa pensée globale : l’affectivité, les valeurs de la langue parlée, l’aspect polysensoriel et global de la communication orale, l’importance de l’espace, du corps et du mouvement, la notion de l’optimale… Une grande partie de ses idées ont trouvé leur application pratique dans plusieurs domaines des sciences humaines et biomédicales, ainsi que dans l’art. La Polyclinique SUVAG, institution qu’il a fondée en 1961, est le lieu central d’application de sa théorie dans des champs divers qui incluent la problématique de la communication et du langage (diagnostic et recherches, rééducation de l’audition et de la parole, apprentissage et acquisition de la langue maternelle et des langues étrangères).
Mots clés : Guberina, linguistique de la parole, SUVAG, valeurs de la langue parlée, rééducation de l’audition et de la parole