XIONG Peiyao
Université de Bourgogne, France
Université de Wuhan, Chine
Locuteurs et langues : binarité versus ternarité
Héritée de la psychomécanique du langage de Gustave Guillaume, la néoténie linguistique de Samir Bajrić s’établit aussi sur l’observation des espaces mentaux du locuteur. Inspirée de la néoténie biologique qu’est une théorie de l’être inachevé, la néoténie linguistique s’explique par le phénomène du locuteur inachevé ; pour être plus précis, la néoténie linguistique envisage le chemin d’appropriation des langues naturelles comme un chemin sans fin. Dès lors, quand nous apprenons une langue ou une autre langue, nous améliorons sans cesse les rapports cognitifs entre nous et la langue que nous apprenons. À dire vrai, le changement de rapport cognitif entre le locuteur et la langue qu’il apprend s’explique par le changement des rôles du locuteur et de la langue côtoyée : à l’aune du locuteur, les rapports cognitifs se traduisent par une structure binaire, pour être plus précis, nous sommes soit un locuteur non confirmé, soit un locuteur confirmé d’une langue ; à l’aune de la langue, les rapports cognitifs s’interprètent par une structure ternaire, ladite langue est pour nous soit une langue in posse, soit une langue in fieri, soit une langue in esse. Néanmoins, Rouhollah Rezapour a brisé la structure binaire au profit de la notion du locuteur in posse dans le but de désigner particulièrement tout locuteur entretenant un rapport cognitif zéro avec une langue, dans ce cas-là, ladite langue est pour le locuteur in posse une langue en puissance. Est-il nécessaire d’établir une parfaite symétrie ? À ce sujet, nous allons parler, de manière philosophique, de la binarité et de la ternarité qu’impliquent les rapports cognitifs esquissés par le locuteur et la langue.
Mots-clés : cognition, néoténie linguistique, binarité, ternarité, Yin-Yang