REVUTSKAYA Alena
Faculté des langues romanes, Université Linguistique de Minsk, Biélorussie
De la ville médiévale à la ville ouverte :
les adresses de Romain Gary à Vilnius
L’étude de l’espace urbain en tant que texte ne date pas d’hier. De la sémiologie urbaine de Barthes aux travaux de Youri Lotman (Lotman 1984) et de Vladimir Toporov (Toporov 2003), en passant par la ville-texte de Michel Butor (Butor 1982), la lecture de la ville fait partie des études littéraires. Notre communication examine plusieurs éléments de Vilnius liés à Romain Gary, aussi bien que leur image dans l’univers autofictif de La Promesse de l’aube (1960). Notre démarche met en parallèle la dynamique d’une ville plurilingue et l’ambition du futur écrivain-aviateur. Cependant, notre intérêt tient moins au rapport problématique de Gary à ses origines qu’à la complexité de l’histoire de Vilnius, dont le texte se lit dans plusieurs langues. Ainsi, le XXe siècle renonce à la domination idéologique du centre-ville (on se souvient notamment des romans de Georges Rodenbach, nostalgique du centre, espace clos synonyme de la sécurité). C’est d’ailleurs encore la révolution industrielle qui modifie le paysage urbain et remet en question l’importance du centre. Ce changement, selon notre hypothèse, se traduit chez Gary par une quête identitaire. En effet, Paris étant la ville de rêve pour sa mère, c’est pourtant bien à Vilnius (Vilna au moment de sa naissance et Wilno à partir de 1920) que le rêve de Gary puise ses origines. En mettant en corrélation éléments urbains particuliers et faits discursifs, nous découvrons que l’ambition du futur écrivain répond à la dynamique de la ville qui rompt avec l’isolement médiéval, revient à l’état chaotique et dépasse ses propres frontières. De même, dans La Promesse de l’aube, le rêve du petit Roman ne se réalise que dans le mouvement, inscrit dans l’histoire de sa ville natale. Enfin, le narrateur, tout comme la ville, se construit dans une pluralité identitaire.
Mots-clés : Romain Gary, Vilnius, centre-ville, La Promesse de l’aube, quête identitaire