Recueil des résumes PDF (3,2 MB)

Francontraste 2010










LOZACHMEUR Ghislaine (Faculté des Lettres et Sciences humaines Victor-Segalen UBO Brest)

 

L’analyse énonciative de l'ancrage géographique du récit dans le conte oriental de Voltaire : La Princesse de Babylone

 

Le conte philosophique connaît son apogée avec les philosophes du XVIIIe siècle et notamment, Voltaire. Tout en se donnant comme règle prioritaire de délivrer un message philosophique, il fait, comme tout auteur de conte, appel à un espace merveilleux et invraisemblable. Le conte, La Princesse de Babylone, est achevé le 7 août 1767. Ce serait pour Voltaire un délassement ouvert sur l'orient babylonien mais également une évocation de l'Arioste dont il apprécie le génie fécond, la profusion des images et la connaissance du cœur humain. Dans La Princesse de Babylone, la princesse Formosante poursuit Amazan avec un canapé volant tiré par des griffons. Il ne s'agit pas de voyage d'apprentissage. Les deux héros traversent l'Europe des Lumières et les pays d'orient comme l'Inde et la Chine avec indifférence. Cette communication se propose de dégager les éléments par lesquels ce conte qui dose avec habileté le merveilleux oriental et les détails réalistes laisse apercevoir une fonction philosophique du voyage et une proximité avec la vie de Voltaire. Il s'agira de montrer, particulièrement, comment l'univers évoqué est fondé sur de multiples noms exotiques qui délimitent un espace géographique, par exemple des noms propres appartenant à l'antiquité orientale comme La Scythie, Babylone, l'Egypte, l'Inde, le pays des Gangarides, le grand Orosmade et comment cet espace fabuleux, luxueux dans lequel évoluent les deux héros, sert à maintenir la fiction de l'étranger et notamment de l'orientalisme : le lecteur est incité à transposer cet espace imaginaire au plan européen.





OREŠKOVIĆ DVORSKI Lidija (Université de Zagreb, Faculté des Sciences humaines et sociales)

 

L’organisation de l’espace écrit : la ponctuation dans la langue française et la langue croate

 

La ponctuation est un des moyens d'organisation des relations entre les unités de texte. L'interprétation des relations sémantiques et syntaxiques du texte dépend de l'emploi correct des signes de ponctuation. Les signes de ponctuation sont des signes graphiques et, par conséquent, appartiennent exclusivement au texte écrit. Leur fonction primaire est de transmettre au texte écrit toutes les nuances du langage parlé susceptibles d'impliquer les différences pertinentes concernant le sens de l'énoncé.  En éliminant  certaines ambiguïtés, les signes de ponctuation facilitent la communication. En plus, ils aident à l'analyse du sens et de la structure du texte  aussi bien qu'à l'analyse de l'organisation de ses parties constitutives (phrases). La présence ou l'absence d'un signe de ponctuation pourrait exercer une influence sur le sens de la phrase et du texte. Comme il s'agit des systèmes linguistiques bien différents, la ponctuation de la langue française repose sur le principe rhytmo-mélodique, tandis que la ponctuation du croate est basée sur le principe sémantique. Cette communication s'efforcera de proposer une analyse contrastive des langues français et croate en analysant leurs traits similaires et différents quant aux principes rhytmo-mélodique et sémantique. Nous mettrons particulièrement l'accent sur l'analyse de la fonction de la virgule et du deux-points employés dans des textes de la presse française et croate.

 

 

 

 

 

PAVELIN LEŠIĆ Bogdanka (Université de Zagreb, Faculté des Sciences humaines et sociales)

 

La métaphorisation de l’espace et de la vie quotidienne dans les mots et les gestes du langage parlé

 

La présente communication repose sur trois observations majeures. D'abord, le langage parlé ne se résume pas aux paroles produites au sein d'un système linguistique. Outre le rythme, l'accent, l'intonation, le débit, les pauses et les silences, il est également doté de manifestations visuelles suprasegmentales telles que postures, mouvements de la main et du corps entier, expressions faciales, jeux de regards et touchers. D'autre part, ce caractère multimodal et pluridimensionnel du langage parlé dans ses réalisations orales lui permet de répondre efficacement aux besoins d'économie, de redondance et d'enrichissement de l'expression orale. Finalement, le langage et la pensée sont intimement liés à l'activité et à l'expérience corporelles dans la réalité matérielle. La métaphorisation ou la transposition de correspondances analogiques (grec metaforá = transport, transposition) du plan concret au plan abstrait contribue également à l'économie cognitive au niveau de la production et de l'interprétation. Ainsi, la structuration de l'espace et de notre vie quotidienne dans cet espace servent-elles de base à la structuration d'autres domaines de cognition et d'expression linguistique (temporalité, notions et relations abstraites). Chaque langue offre ses propres modèles de structuration des catégories spatiales ainsi que ses propres modèles de leur métaphorisation aux niveaux syntaxique, sémantique et pragmatique. D'où ressortent les nombreuses difficultés à maîtriser dans une langue étrangère: l'usage et l'interprétation des prépositions (p. ex. en français on se trouve dans la rue alors qu'en croate on se trouve sur la rue : Nalazimo se na ulici), des locutions figées (laisser tomber quelqu'un ou quelque chose, déchirer à belles dents, danser d'un pied sur l'autre, ne pas savoir sur quel pied danser), des proverbes (à petit trou, petite cheville ; chaque montagne a sa vallée; mieux vaut tenir que courir) et des tournures syntaxiques plus complexes (Il ne songe qu'à ses désirs au lieu qu'il devrait veiller à ses affaires). L'objectif de cet exposé est de montrer comment la métaphorisation de l'espace et de l'activité corporelle dans l'espace façonnent le langage parlé au niveau verbal et visuel i. e. posturomimogestuel.

 

 

 

 

 

PERKO Gregor (Université de Ljubljana, Faculté des Lettres)

 

La précarité des préfixes verbaux exprimant l'espace en français

 

Depuis « l’essor » de la linguistique cognitive, qui considère l’espace comme un domaine fondamental pour la construction du sens (cf. R. W. Langacker, L. Talmy, C. Vandeloise), on assiste à un (r)éveil de l’intérêt pour l’étude des rapports spatiaux. Dans ma contribution, je me propose d’étudier les préfixes spatiaux, chapitre jusqu’ici négligé par les approches tant cognitives que morphologiques. Vu le temps qui m’est imparti, je me limiterai à la préfixation verbale qui soulève de nombreux problèmes intéressants. Dans un premier temps, il s’agira d’écarter les verbes qui ne se laissent pas analyser selon des procédés constructionnels du français et qui sont pour la plupart empruntés au latin (par exemple : ·attendre ¬ a(d)- + tendre, mais accourir ¬ a(d)- + courir). Dans la suite, je proposerai une analyse dérivationnelle qui privilégiera les aspects sémantiques, notamment les modalités de construction du sens et les contraintes pesant sur les bases. Deux cas de figure sont à distinguer :
-        les verbes obtenus par préfixation d’une base verbale (préfixation intracatégorielle) : transporter, importer, exporter...
-        les verbes construits sur base nominale (préfixation transcatégorielle) : aborder, déborder, transborder...  
L’analyse sémantique permettra de mettre en valeur l’importance des règles sémantiques qui s’appliquent sur le sens des verbes préfixés, notamment le rôle de la métaphore conceptuelle : les concepts spatiaux servent à l’élaboration d’autres concepts, plus abstraits (les concepts temporels ou évaluatifs). Dans la conclusion, j’essaierai de répondre à la question de savoir dans quelle mesure les préfixes spatiaux constituent une sorte de mini-système. 

 

 

 

 

 

POGNAN Patrice (INALCO, Paris)

 

Enseignement multilingue des langues slaves de l’Ouest pour un public francophone

               

Ce type d’enseignement repose sur des recherches issues de travaux en analyse automatique des langues slaves de l’Ouest, en particulier du tchèque, qui prennent appui autant sur la connaissance de la grammaire historique, en particulier sur la phonologie historique que sur une description linguistique synchronique très précise.
La réalisation d’un prototype de bases de données multilingues et multifonctionnelles, prévu pour la consignation des faits linguistiques en synchronie et diachronie pour les langues indo-européennes, les langues (chamito-)sémitiques et les langues agglutinantes (travaux sur les langues turques en cours de développement), permet l’application de ces bases à certains groupes de langues.
C’est ainsi que nous mettons en place des bases de données pour les langues slaves de l’Ouest avec un référent pour les langues slaves de l’Est, le russe et un référent pour les langues slaves du Sud, le slovène.
L’interface des bases de données est conçue suivant la description générale du système linguistique slave et chacune des langues concernées vient s’inscrire dans ce système en tant que sous-ensemble de ce système slave. La visibilité de ces interfaces permet de construire des outils pédagogiques efficaces, mais aussi des instruments d’exploration linguistique.
Les applications qui en découlent se situent tant dans le domaine de la pédagogie, pour une véritable didactique du multilinguisme et de l’intercompréhension exogène des langues slaves de l’Ouest que du traitement automatique de ces langues, en analyse, mais aussi en génération multilingue de mots des langues slaves de l’Ouest sur la base de racines supposées proto-slaves.