Francontraste 2010
Espaces de ville, espaces des langues
L’objectif de cette communication est de mettre en exergue les corrélations qui existent entre les facteurs espace-temps et l’usage des langues dans les interactions quotidiennes en ville et avec la ville. Les investissements des espaces urbains par les résidents étrangers sont influencés par les parcours de vie de chacun, par des liens sociaux établis dans la ville, par des appartenances multiples que l’acteur noue avec différents groupes et collectivités. Ces espaces favorisent en même temps le développement de nouveaux espaces identitaires se situant parfois dans les lieux « hybrides » et « interstitiels » et parfois dans les espaces « hors champs », invisibles, camouflés ou cachés. Lire la ville par le biais de ses espaces et ses langues nécessite une approche pluridisciplinaire empruntant des concepts aussi bien de la sociolinguistique urbaine que de la sociologie, géographie ou anthropologie urbaine.
AZOUZI Ammar (Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de Kairouan, Tunisie)
Discours publicitaire et francophonie en Tunisie
Avec l’avènement de la mondialisation, le paysage médiatique au Maghreb, comme espace francophone, a connu de véritables mutations linguistiques, tel est le cas de la Tunisie. Depuis quelques années un nouveau discours publicitaire envahit les enseignes et les spots publicitaires, comme espace discursif. Si le recours à la langue arabe et/ou française, peut trouver justification, entre autres dans l’histoire du pays, c’est l’émergence d’une langue hybride qui nécessite analyse. En effet, deux phénomènes peuvent retenir l’attention : le recours au dialectal, non officiellement reconnu, et le recours à une transcription littérale soit du dialectal en alphabet latin soit la transposition de mots de langues européennes (français, anglais, italiens) en lettres arabes ou dialectales. Nous proposons de traiter de ce phénomène linguistique de la langue des enseignes et des spots publicitaires ainsi que des problèmes culturels et identitaires qui lui sont corrélés dans une perspective discursive en rapport avec la francophonie. Il s’agit pour nous d’une nouvelle forme de francophonie riche de leçons.
BAJRIĆ Samir (Université de Paris IV – Sorbonne, UFR de Langue Française)
Construction accusatif – infinitif en français et ses équivalents en croate : verbes factitifs et verbes de perception
Cette contribution propose une étude contrastive français-croate, adossée à un modèle interprétatif d’orientation syntaxique et capable d’apporter des éléments de réponse à des questions intéressant l’opposition verbo-nominale. Les constructions issues du couple verbe factitif ou verbe de perception + infinitif font apparaître une profusion de faits de langue. Cet axe d’analyse redevient particulièrement saillant dans le cas des verbes factitifs et des verbes de perception. L’énoncé Il a fait construire une maison (type : faire + Acc + infinitif) renvoie alternativement à Sagradio je kuću (type : absence d’équivalent verbal + accusatif) ou Dao je sagraditi kuću (type : équivalent verbe dati + infinitif + Acc). En revanche, un tour comme Il fait travailler son fils (type : faire + infinitif + Acc) peut correspondre à une construction, non exclusive, du type Daje sinu nešto za raditi (type : dati + datif + accusatif + infinitif prépositionnel). Le second domaine est épistémologiquement moins exigeant, dans la mesure où les verbes de perception relèvent des universaux du langage. L’énoncé J’entends les oiseaux chanter (type entendre + Acc + infinitif) aura plusieurs équivalents en croate sémantiquement distincts : Čujem kako ptice pjevaju / Čujem da ptice pjevaju / Čujem ptice kako pjevaju / Čujem ptice da pjevaju (type : čuti + indicatif). Ainsi notre étude permet-elle de défendre l’idée selon laquelle deux structures syntaxiques différentes peuvent renvoyer à une valeur sémantique identique. A l’inverse, la construction Acc + Inf entraîne dans ses équivalents en croate d’importantes nuances sémantiques.
BARINOVA Irina (Université pédagogique d’Etat de Moscou)
Notions du « temps » et de « l’espace » en russe et en français
C’est toujours très intéressant et difficile de comparer ces deux notions dans des langues différentes. La tâche s’avère encore plus difficile, car le russe est une langue synthétique et le français est analytique. De cette distinction viennent d’autres discordances.
BIKIĆ CARIĆ Gorana (Université de Zagreb, Faculté des Sciences humaines et sociales)
L'expression de l'espace virtuel en français et en croate (article indéfini/subjonctif et leurs équivalents)
Dans cet article nous voudrions nous pencher sur la question de l'espace virtuel, exprimé, en français, à l'aide de l'article indéfini dans le domaine nominal et à l'aide du subjonctif dans le domaine verbal. Nous nous intéressons aussi à son expression en croate, qui ne possède ni l'article ni le subjonctif en tant que notions grammaticales. L'espace peut être considéré non seulement dans ses dimensions physiques, mais encore comme une dichotomie existence/non-existence, ce qui se traduit par la différence entre la réalité et la virtualité. Dans le domaine nominal, le fait que le référent est inconnu et peut-être inexistant, à savoir virtuel, peut s'exprimer à l'aide de l'article indéfini. Comme cet emploi de l'article indéfini entraîne, dans les propositions relatives, celui du subjonctif, cela nous rapproche de l'expression de la virtualité dans le domaine verbal (Nous cherchons une maison qui ait un jardin). Le subjonctif, à la différence de l'indicatif, présente l'action comme simplement envisagée dans la pensée, comme n'étant pas placée sur le plan de la réalité.