Appel


“Structuration, langage,
discours et au-delà”

 

La troisième édition du colloque francophone international de l’Université de Zagreb aura lieu en 2016, l’année du centenaire de la parution du Cours de linguistique générale de Ferdinand de Saussure (1857 – 1913) – cet ouvrage fondamental de toute la recherche contemporaine sur le langage.

Le langage est un ensemble signifiant composé de différents comportements sémiotiques, servant de moyen de communication et d’expression dans une communauté linguistique. La double essence du langage embrasse la langue et la parole, réunies dans le syntagme langue parlée. La langue parlée fait partie intégrante de l’être humain. Elle doit par conséquent être étudiée par rapport à la structuration de multiples moyens dont disposent les êtres en communication. Cependant, les manifestations hétéroclites du langage demeureraient insaisissables et confuses en l’absence de principe de classification assurant l’homogénéité de la langue en tant que système linguistique arbitraire, autonome et immanent qui subsiste même sans être utilisé.

La structuration perpétuelle et globalisante des moyens langagiers en communication n’est pas réductible aux seuls systèmes linguistiques. Il s’agit d’une structure complexe qui fonctionne toujours comme un ensemble, se structurant et se dépassant en permanence : « les éléments structurants (tous les procédés de la communication) ne sont pas toujours présents au même niveau » (Guberina 1913 – 2005 ; 2003: 401).

Les manifestations langagières regroupent différents comportements ou faits sémiotiques. Outre la forme de l’expression plurimodale, le contenu est pluridimensionnel portant sur deux dimensions qui se construisent au sein de la structuration du discours. D’un côté, il y a la dimension purement sémantique ou le contenu de base, et de l’autre la dimension pragmatique ou le contenu pragmatique qui peut se définir comme la réponse que donnerait l’allocutaire (le sujet interprétant) à la question fictive Pourquoi le locuteur me dit-il cela, ici et maintenant ? Cette bipartition est loin d’être évidente : entre les deux se situe en effet la dimension modale de l’adéquation propositionnelle au réel, c’est-à-dire le problème de la valeur d’acte de l’énoncé, sur laquelle s’appuie nécessairement l’interprétation de l’acte d’énoncer.

Le caractère pluridimensionnel, segmental et suprasegmental, linéaire et non-linéaire, de l’expression réside dans le déroulement simultané de plusieurs dimensions de contenu (le contenu référentiel, l’attitude du sujet envers son message, l’attitude du sujet parlant envers la situation et son interlocuteur) et de plusieurs modalités d’expression (verbale, acoustique, visuelle, etc.). Toute interprétation du discours découle de la prise en compte de sa complexité au plan de l’expression et au plan du contenu. C’est pourquoi elle est forcément pluridimensionnelle car, outre les aspects sémantiques, les aspects pragmatiques découlent de la complexité de l’énoncé – discours. Ainsi toute interprétation est-elle en structuration permanente.

Mise en avant par Gustave Guillaume (1883–1960), la notion de discours est devenue centrale avec la montée des courants énonciatifs et pragmatiques dans l’étude linguistique. Le discours est le résultat de la structuration de la parole en langue parlée. Dans cette optique, la parole est un ensemble structurel à la fois social et individuel, et non pas uniquement la somme de manifestations individuelles au sens saussurien de ce terme.

La structure de la langue parlée est un phénomène pluridimensionnel et dynamique au niveau de la forme de l’expression, aussi bien qu’au niveau de la forme du contenu. Elle est en même temps horizontale et verticale. C’est donc une structure structurante qui se forme en fonction de la communication, orale ou écrite. Le discours sous forme écrite se manifeste en tant que transposition de la langue parlée. La langue, fait social, assure la structure des exigences sociales de la parole sous forme orale ou écrite. La structure de l’ensemble langagier se crée et se récrée, se dépasse par le fonctionnement. Outre son caractère dynamique et globalisant, la structure de la parole est non-linéaire : à la fois horizontale et verticale. Ainsi une même phrase peut-elle revêtir des sens différents dans le cadre de structurations discursives différentes.

Les éléments structurants, c’est-à-dire tous les procédés de la communication, ne sont pas toujours présents au même niveau. La situation, le contexte, les relations interpersonnelles et corporelles se modifient sans cesse. L’usage individuel de la langue présuppose le dialogue, donc le fait social, c’est pourquoi tout discours suppose une organisation transphrastique. La structuration du discours met en branle une diversité de structures d’un autre ordre que celle de la phrase. Un énoncé constitué d’un mot et d’un geste peut véhiculer un discours s’il est conforme à des règles en vigueur dans une situation au sein d’une communauté linguistique déterminée.

Bref, la structure se crée et se recrée par le biais de la structuration de la langue en discours. Toute structuration est en même temps réalisation, dépassement et développement de la structure.

Compte tenu de l’ampleur de ces concepts (structuration, langage, langue, discours), nous attendons des contributions qui offriront des visions et interprétations diverses des caractères complexes de l’expression francophone et des observations pratiques de ces manifestations sous toutes leurs formes. Les travaux plaçant plus précisément les concepts mentionnés sous une perspective contrastive seront particulièrement appréciés. Les étudiants sont également chaleureusement invités à soumettre tout article traitant d’un thème pertinent dans le cadre des pistes d’études tracées ci-dessous. Nous encourageons les contributions situées dans une seule discipline ou dans une perspective pluridisciplinaire relevant des champs suivants :

  1. Sciences du langage

Une approche ancrée dans le domaine de la linguistique française (phonétique, syntaxe, sémantique, pragmatique, lexicologie, sociolinguistique, analyse du discours, études énonciatives) permettra d’aborder :

Cours de linguistique générale et son héritage

– les études contrastives, les études contextualisées

– l’appareil linguistique et l’appareil plurimodal de l’énonciation

– le sujet entre langage et parole ; l’aspect pragmatique de la subjectivité dans le langage

– les hétérogénéités du sens dans les phénomènes discursifs ; la métaphoricité ; la parole proverbiale, proverbes et structures stéréotypées ; la polysémie, la métaphore et l’analogie ; aspects pragmatiques et références temporelles

– les procédés de la construction énonciative : d’ordre linguistique, d’ordre discursif

– les études cognitives : les figures entre langue et discours ; figures et activité cognitive

– les structures discursives, la variation en syntaxe

– le bilinguisme, la diglossie, le plurilinguisme et l’éveil aux langues

 

  1. Didactique

– identités sociales et personnelles : les défis de la mondialisation ; plurilinguisme et la mondialisation

– mobilité – les contacts entre les langues, les individus et les cultures

– les représentations personnelles et sociales des langues

– technologies de l’information et de la communication pour l’éducation (TICE)

– normes et variétés linguistiques en classe de langue

– professionnalisation du français langue étrangère et du français langue seconde

– cultures éducatives et linguistiques dans l’enseignement des langues

– discours et interaction en classe de FLE, discours de l’enseignant, discours de l’apprenant ; sociolinguistique interactionnelle ; évaluation de la compétence discursive

– FOU – organiser son discours au niveau universitaire

– l’apprenant entre besoin et compétences en français sur objectif spécifique

– rituel communicatif en classe de FLE, communication et stratégies d’enseignement et d’acquisition

 

  1. Activité traduisante

– mot, unité de sens, texte, discours : que traduit-on ?

– le traducteur, passeur culturel : le poids de la langue-culture dans la structuration du discours

– quand le discours se (dé)structure : transmettre les éléments (dé)structurants

– transférer la structure du texte : forces déformantes et stratégies de résistance à ces tendances

– éléments structurants et servitude : quand la structure est une contrainte

– structures et stéréotypes : appropriation ou adaptation ?

– les figures discursives : à la recherche d’équivalences

– interpréter la parole vivante : approches aux diverses modalités d’expression

– l’interprète et l’être en communication

 

  1. Études littéraires

– à quoi sert la notion de structure ?

– l’écriture du discours – le discours de l’écriture

– Genette, Barthes, Foucault

– Derrida : critique et au-delà

– l’économie du discours littéraire

– l’univers langagier et la structure du texte littéraire

 

MODALITES DE SOUMISSION :

Les propositions de communication se feront via le formulaire en ligne disponible en cliquant ici. Elles seront proposées en français.

 

Dates importantes

Date limite de soumission : le 19 octobre 2015

Notification d’acceptation : le 23 novembre 2015

Colloque : du 8 au 10 avril 2016

Lieu du colloque : Université de Zagreb, Faculté de philosophie et lettres, Ivana Lučića 3

10000 Zagreb, Croatie

 

Le programme détaillé du Colloque sera diffusé aux participants au cours du mois de mars 2016.

Langue de travail du Colloque : les communications se feront en français.

 

Publication des actes : les communications seront soumises à un comité de lecture en vue d’une publication en 2017.

 

Frais d’inscription : 80€ ; 30€ étudiants

Site du colloque : https://www.ffzg.unizg.hr/francontraste

Contact : Pour toute information, veuillez nous écrire à l’adresse suivante : francontraste@ffzg.hr