Section Sciences du langage

Orešković Dvorski Lidija, Radosavljević Petar,
Université de Zagreb, Croatie

« Adaptations phonétique et phonologique des noms propres en français, en roumain et en croate »

A l’ère numérique qui est la nôtre, où la communication au niveau global et sous toutes ses formes est en plein essor, il semble que les frontières entre langues deviennent de plus en plus souples.

Il est connu que les mots d’emprunt font partie du « trésor » lexical de la plupart des langues. Toutefois, les noms propres constituent à cet égard une catégorie à part, notamment aux niveaux graphique, phonétique et phonologique : leurs formes orale et écrite dans la langue source sont bien différentes de celles qu’ils adoptent en langue cible.

Dans cet article nous nous proposons de collecter, analyser et comparer les prononciations de noms propres en français, roumain et croate. L’analyse sera effectuée sur un corpus composé d’émissions télévisées consacrées à des sujets divers, tels que le sport, l’art, la politique, l’économie, etc. Les résultats obtenus nous permettront de mettre en parallèle les adaptations phonétique et phonologique des noms propres en français, roumain et croate avec leur mise en pratique.

 

Oroian Elvira,
Université des Sciences Agricoles et Médicine Vétérinaire de Cluj-Napoca, Roumanie

« Moyens de réalisation de la cohésion et la cohérence textuelle-discursive. Approche contrastive : en français et en roumain »

La cohésion est une relation syntaxique sémantique qui assure la continuité de l’information discursive par des marques linguistiques explicites. Elle consiste dans la capacité des éléments verbaux de réaliser des liaisons intratextuelles de sens.

La cohérence est une propriété sémantique et pragmatique du discours, qui met en application des mécanismes interprétatifs basés sur les relations contextuelles, souvent implicites.

Les anaphoriques et les cataphoriques sont les instruments les plus importants de la cohérence linéaire du texte.

Notre article se propose de démontrer que le français se caractérise par une syntaxe interphrastique beaucoup plus cohésive que le roumain ; en roumain, les processus inférentiels basés sur les traits des verbes sont plus fréquents qu’en français.

Le roumain est une langue à dominante déictique ; il actualise les événements en les rapprochant au moment de la parole, ce qui a des conséquences directes sur la traduction des temps verbaux et des adverbes temporels.

Mots-clés : cohésion, cohérence, anaphorique, cataphorique

 

Oulebsir Kamila,
École normale supérieure des lettres et sciences humains, Algérie

« Phraséologie et polémique : analyse de quelques formules dans le discours médiatique algérien »

Nous voudrions dans cette contribution travailler sur le lien existant entre les phénomènes de la phraséologie et la polémique. Nous nous basons sur le discours médiatique algérien en tant que matériau de recherche. Nous souhaitons montrer le fonctionnement de la polémique portée par des syntagmes figées et définis en tant que tels dans les discours soumis à l’analyse. Plus précisément, notre étude portera sur ce qu’il est convenu d’appeler des formules, définies par Alice Krieg-Planque comme mots-choc, des mots au fonctionnement problématique qui traversent une communauté à un moment de son histoire. Le corpus sur lequel nous travaillons recense un ensemble d’articles de la presse algérienne d’expression française. Nous ciblerons des moments discursifs importants qui auraient permis l’apparition de ces unités-formules. En effet, quelques évènements produits dans le monde reçoivent en discours des dénominations diverses et sont soumis à une activité de nomination intéressante à observer. Nous voudrions relier ces façons de dire ancrées dans le discours, en l’occurrence caractérisées par le figement, à la problématique de la polémique comme principale caractéristique des formules. Nos discours devraient permettre de dégager des unités formulaires, figées, controversées et porteuses de dissensus.

 

Pavelin Lešić Bogdanka,
Université de Zagreb, Croatie

« Ferdinand de Saussure : Cours de linguistique générale, source inépuisable d’idées et de concepts pour la recherche du langage »

Les mérites du Cours de linguistique générale (1916), dont nous fêtons le centenaire, sont multiples : « he [Saussure] has given us the theoretical basis for a science of human speech » (Bloomfield, 1923 : 319). Le Cours situe la linguistique au sein de la sémiologie – science qui étudie la vie des signes dans la vie sociale. Nous nous proposons de cerner dans la mesure du possible l’actualité du Cours, y compris ce que Saussure entendait par linguistique de la parole. Ch. Bally et A. Séchehaye énoncent dans leur introduction au Cours que Ferdinand de Saussure (1857-1913) avait prévu, lors de sa troisième série de cours, de présenter dans la série suivante une théorie de la linguistique de la parole.

Nous tenterons de présenter la position de Ch. Bally (1865-1947), coéditeur du Cours, par rapport à la même problématique. Finalement, nous présenterons la position de P. Guberina (1913-2005) pour montrer que sa conception d’une telle linguistique constitue une élaboration et une application des idées saussuriennes. Les publications récentes des notes et manuscrits personnels de Saussure ainsi que les notes authentiques de ses étudiants ne font que renforcer ce point de vue.

Toute époque offre son interprétation de l’Œuvre en jetant sa lumière particulière sur les repères théoriques et méthodologiques saussuriens. La nôtre nous permet de revisiter la pensée saussurienne en redécouvrant les chercheurs en marge du courant principal du structuralisme, tels que Ch. Bally et P. Guberina. Saussure était conscient de l’imbrication de l’individuel et du collectif au sein de la parole : « Rien n’entre dans la langue sans avoir été essayé dans la parole » ([1916] 1976 : 231). Guberina adopte la théorie saussurienne et situe d’emblée son intérêt dans le domaine de la linguistique de la parole en transférant la notion du système de la langue au composé complexe et dynamique du langage humain – ensemble de micro-systèmes en constante structuration. La langue demeure toujours le principe de classification, la force centripète qui fait converger la diversité des éléments langagiers vers une unité dynamique et structuro-globale.

 

Perko Gregor,
Université de Ljubljana, Slovénie

« Sur quelques ambiguïtés de l’évaluativité en français »

En tant que catégorie linguistique, l’évaluativité, parfois appelée expressivité, regroupe différents procédés, morphologiques, syntaxiques ou extragrammaticaux, au moyen desquels le locuteur porte une appréciation sur le référent, l’échange communicatif et ses participants (Fradin et Montermini 2009). L’évaluativité s’organise donc autour de quatre pôles : celui du référent, celui du locuteur et celui de l’interlocuteur, auxquels il convient d’ajouter la situation de communication qui comprend également les variations diaphasique et distratique (Perko 2013).

Si les suffixations nominales et adjectivales en –et (réformette) , –âtre (noirâtre) ou –aud (noiraud) ainsi que les suffixations verbales en –ille (mordiller), –et (voleter), –in (trottiner), –och (bavocher), –on (chantonner) ou –ouille (mâchouiller) ne concernent en règle générale que le pôle référent, il n’en est pas de même du suffixe –issime (Perko 2010) qui implique de plus, lorsqu’il est employé de façon productive, le locuteur et une appréciation de la situation. Celle-ci joue le rôle primordial dans le cas de la troncation et des suffixes dits « parasitaires » (-o, -os, -oche, -oque, -ouse…). Les diminutifs hypocoristiques des prénoms font intervenir essentiellement les rapports parfois ambivalents entre le locuteur et l’interlocuteur. La classe des préfixes évaluatifs (super-, hyper-, extra-, ultra-, hypo-, sous- etc.), d’origine savante, constitue une catégorie à première vue hétérogène, mais qui ne concerne que la dimension variationnelle de la situation de communication.