Section Sciences du langage

Ibrahim Ulfet,
Université d’État de Moscou Lomonosov, Azerbaïdjan

« Les particularités d’emploi des mots argotiques en français contemporain »

Les transformations qui se produisent aujourd’hui dans tous les domaines de la vie ont un impact sensible sur le vocabulaire. Les emprunts aux autres langues (surtout à l’anglais), la création de nouveaux vocables mais aussi les déplacements considérables de pans de vocabulaire, les modifications stylistiques et les différentes transformations sémantiques sont des processus très actifs en français moderne.

Nous pouvons constater l’élargissement important des sphères d’utilisation des mots, des groupes de mots et des tournures phraséologiques provenant du langage populaire et de l’argot.

Les sphères des argots fournissent aujourd’hui une quantité considérable de vocables liés à la description de nouveaux phénomènes de la vie économique, politique et sociale en France. Plusieurs mots d’argot font partie des discours des hommes politiques, des slogans de presse et des œuvres littéraires.

Certains spécialistes y voient, à juste titre, une source d’enrichissement du standard littéraire. Mais en même temps, l’utilisation excessive des argotismes ne peut pas provoquer une certaine inquiétude tant chez les linguistes que chez les non-spécialistes. Un grand nombre d’entre eux pensent que le remplacement du canon littéraire par l’argot menace sérieusement la norme de la langue et que les argotismes entrés dans le fonds usuel amènent avec eux une traîne chargée de leur passé : « L’argot exprime souvent une idéologie particulière, vulgaire et même criminelle. Il fait rentrer dans notre vie les notions qui n’ont pas le droit d’exister. Non seulement le langage mais aussi la conception du monde de la personne qui l’utilise deviennent grossiers et primitifs »

L’objectif principal de notre recherche est d’identifier les argots utilisés dans la presse moderne française, d’étudier leurs particularités lexiques, sémantiques et d’essayer d’étudier l’évolution de l’emploi des argots dans le style journalistique.

 

Kakoyianni-Doa Fryni,
Université de Chypre, Chypre

« Adverbes assertifs français et grecs »

L’objectif de cette communication sera de présenter les résultats d’une étude comparative entre le français et le grec moderne concernant des adverbes de phrase qui sont utilisés pour exprimer la modalisation de l’assertion dans la phrase. Ces adverbes tels que : apparemment, assurément, certainement, certes, effectivement, etc. sont appelés modaux (Molinier, 2000), adverbes modalisateurs de l’assertion (Borillo, 1976) ou adverbes assertifs (ibid.).

Pour nous, ces adverbes présentent un intérêt particulier car, selon notre étude effectuée au sein du corpus parallèle français-grec Source Corpus, qui comprend cinquante millions de mots pour le français et trente millions de mots pour le grec (http://sourcecorpus.eu/), ils présentent des divergences importantes dans les deux langues. Par exemple, s’ils sont, dans les deux langues, non parenthétiques, s’intégrant entièrement au contenu sémantique de la proposition qu’ils accompagnent et jouissant de la même liberté positionnelle, les adverbes assertifs grecs sont, a) plus nombreux qu’en français, b) n’ont pas tous des adjectifs sémantiquement correspondants alors qu’en français, à l’exception de certains adverbes (ex : assurément et naturellement), ils sont tous formés sur leurs adjectifs correspondants. Enfin, c) alors que des structures paraphrastiques, telles que Que P être Adj et Il est Adj que P soient attestées pour les adverbes à source adjectivale dans les deux langues, d’autres structures paraphrastique telles que Adv Que P (Certainement que Paul viendra) attestées en français, ne sont pas attestées du tout pour le grec. Par conséquent, il n’est pas toujours possible d’opérer, dans les deux langues, les mêmes regroupements morphosyntaxiques et sémantiques de ce type d’adverbe en prenant compte seulement le type de modalité qu’ils expriment.

 

Lin Haiping,
Université de Bourgogne, France

« Les figures rhétoriques des proverbes chinois et français sont-elles pareilles ? »

Le proverbe est omniprésent dans toutes les langues de l’humanité. Cet énoncé lapidaire révèle la sagesse populaire d’une nation. Exprimant un conseil populaire, une vérité de bon sens ou d’expérience, ce court énoncé est étroitement lié à des figures rhétoriques. Le proverbe peut en effet se définir sur un plan pragmatique, comme un acte de langage visant à persuader, à justifier un comportement. Les enjeux (la persuasion, en particulier) de la figure rhétorique ne sont pas étrangers à la forme lapidaire de l’énoncé parémique, il est ainsi inégalable de traiter les particularités des figures pour une étude contrastive des proverbes. Les proverbes français et les proverbes chinois partagent de nombreuses caractéristiques en commun, telles que la métaphoricité, la structure binaire, la généricité, la rime et le rythme. Est-ce qu’ils ont également des figures rhétoriques équivalentes ? Ou existe-t-il dans les proverbes français ou les proverbes chinois des figures particulières ? Notre recherche a pour but d’étudier le rôle argumentatif des principales figures rhétoriques des proverbes français et chinois selon quatre aspects : les figures de mots qui traitent la manière sonore du proverbe, telles que le calembour, l’allitération ; les figures de sens qui concernent la signification des mots ou des groupes de mots, telles que la métaphore, l’hyperbole ; les figures de construction qui abordent la structure des phrases comme l’ellipse ou l’antithèse ; et les figures de pensées, comme l’allégorie ou l’ironie, qui étudient le rapport du discours avec l’énonciateur du proverbe.

 

Munteanu Marius Octavian,
Université « Dunărea de Jos » de Galaţi, Roumanie

« Techniques dissociatives implicites dans le discours publicitaire roumain de l’entre-deux-guerres »

Connue aussi comme « redéfinition notionnelle », la dissociation argumentative est l’une des techniques argumentatives relevées par Pereleman et Olbrechts-Tyteca dans leur « Traité de l’argumentation. La Nouvelle Rhétorique ». Ce concept a été étudié et développé surtout par les linguistes d’expression anglaise – A. van Rees, T. Konishi, Eemeren, Grotendorst dans plusieurs ouvrages rédigés et présentés pendant les grandes conférences traitant les spécificités de l’argumentation des dernières décennies.

C’est bien A. van Rees qui fait cette distinction entre la dissociation explicite et la dissociation implicite en s’appuyant sur les actes de parole sous-tendant cette technique argumentative. Nous appliquons ce concept à un type de discours dont la composante argumentative, persuasive, est évidente – le discours publicitaire. Nous traitons ce discours comme un discours idéologique, capable de remodeler les mentalités, les coutumes, les idéologies sociales par des techniques argumentatives innovantes, subtiles et à la fois séduisantes, impossible à leur résister.

Pour mettre en évidence les techniques argumentatives dissociatives dans le discours publicitaire nous faisons appel non seulement à une étude discursive pragmalinguistique, mais aussi à des éléments pragmasémiotiques. L’objet de notre étude étant une affiche publicitaire roumaine des années trente du 20e siècle, nous analysons tant les éléments linguistiques (les connecteurs argumentatifs et leur valeur stylistique, les types d’arguments et leur enchaînement / progression logico-argumentative, les implicitations discursives du message), mais aussi les éléments sémiotiques comme la mise en page des composantes graphiques, le positionnement du message, la taille des polices, tous ces éléments susceptibles d’avoir une portée argumentative et concourant à la sémiologie du message.

 

Nikolaeva Éléonora,
Institut des Relations Internationales de Moscou, Russie

« Le français dans toute sa beauté … belge »

L’objet de la présente recherche est l’étude des unités phraséologiques (ensuite UF) enregistrées dans la variante belge du français. Les objectifs sont les suivants : 1. définir les notions telles que : a) la variante nationale d’une langue ; b) une UF marquée (par la couleur locale) : un belgicisme / une expression belge (ensuite UF FB) ; 2. Comparer les particularités de la formation des UF dans le français dit de la métropole (ensuite UF FF) et celui de la zone dite latérale ; 3. Établir des composants d’une UF qui la rendent le plus marquée ; 4. Décrire les types des transformations à l’intérieur de la structure d’une UF FB (la variante « intérieure ») ainsi qu’analyser des éléments qui différencient les UF FF et les UF FB (la variante « entre-zonale »).

Pour trouver de meilleures réponses, nous avons choisi des méthodes ci-dessous : 1) l’analyse des composants des UF permettant d’étudier le côté contenu des UF FF et FB ; 2) l’analyse comparative servant à révéler les ressemblances et les différences entre les UF FF et FB ; 3) l’analyse des étapes de la formation des UF basée sur le principe associatif permettant de mettre en valeur des associations et des images qui étant liées (à notre avis) avec certains types de situations, servent du point de départ pour former des UF de toute langue.

Les objectifs et la méthodologie préconisée définissent le plan de la communication: 1) présentation des chercheurs ainsi que de leurs travaux dans le domaine ; 2) un bref aperçu de la carte linguistique du français hors de France ; 3) définition des notions et des termes évoqués ci-dessus ; 4) description des types de transformation (entre-zonale, intérieure, lexicale, sémantique, syntaxique, stylistique de même que de types mélangés) ; 5) analyse d’exemples (la base de données comporte plus de 500 UF FB) ; 6) conclusions.