Forakis Kyriakos,
Université d’Athènes, Grèce
« Distribution et marquage dans les structures phrastiques du français et du grec contemporains : une approche contrastive »
Le francophone confirmé serait très vraisemblablement perplexe devant un énoncé du type : « Son défaut principal constitue l’hésitation ». L’usager hellénophone du français, en revanche, ne tarderait pas à y percevoir, assez fortement tracée, l’empreinte de la syntaxe de sa L1 qui, casuelle, autorise généralement une souplesse non négligeable en matière de distribution des termes dans la suite syntagmatique, ainsi en l’occurrence antéposition au verbe du SN attribut plutôt que du SN sujet. C’est évidemment par analogie avec les structures du grec que le locuteur à l’origine de cet énoncé a procédé à une telle permutation, impossible en français sous peine de fausser – sinon d’oblitérer – le sens même du message. Une flexion d’ampleur nettement moindre que dans le cas du grec impose, en effet, au français moderne les patrons syntaxiques généralement rigides qu’on lui connaît.
Or, qu’en est-il de distributions comme : « Toujours flottait entre eux la sensation du silence », reproduisant des schémas, canoniques ou marqués, mais plausibles dans les deux systèmes en question ?
On comprend, dès lors, que la distribution des termes devienne une composante primordiale de la construction du sens dans les mécanismes extrêmement subtils de structuration des énoncés. Le propos que forme la présente proposition est justement de réfléchir sur la façon dont s’effectue un tel jeu distributionnel en français et en grec contemporains. À cet effet, notre approche se proposera de saisir, à l’aide d’exemples représentatifs considérés sous un angle comparatiste, les principales spécificités dudit jeu ainsi que sa répercussion au niveau du marquage.
FRA_GRAC groupe d’étudiants,
Université de Zagreb, Croatie
« La grammaire française vue par les étudiants »
Au sein du réseau international de groupes de recherche GRAC (Grammaire en contextualisation) et plus particulièrement du groupe GRAC Croatie, un atelier de recherche composé d’étudiants intéressés à l’étude de la grammaire française s’est formé. Les travaux issus des exposés et des discussions dans le cadre de l’atelier portent notamment sur les difficultés, les points chauds que les apprenants du FLE rencontrent au cours de leur parcours d’apprentissage du français. Cet exposé est censé présenter le fruit de ces travaux. Iva Pranjković présentera quelques différences entre le métalangage de la grammaire du croate, du français et de l’anglais. Iva Pranjković et Karla Rogožar ont analysé les termes grammaticaux posant problème aux étudiants croatophones du français : attribut, épithète, etc. Iva Đanović présentera un aperçu des approches de la catégorie d’article en français d’un point de vue croatophone, en favorisant la définition d’article comme actualisateur. Toujours dans l’esprit comparatif, Helena Filipović a analysé les catégories du temps et du mode en français et en croate. Tous ces aperçus découlent de l’expérience immédiate de l’étude du FLE à un niveau avancé et professionnel, relatif à des filières master : recherche, traduction, enseignement.
Franić Ivana,
Université de Zagreb, Croatie
« Les fonctions syntaxiques en français et en russe : point de vue de la syntaxe structurale »
Dans son ouvrage capital, les Eléments de syntaxe structurale, Lucien Tesnière propose une description syntaxique intégrale élaborée à partir des données de plusieurs dizaines de langues, parmi lesquelles le russe figure en tant que représentant des langues slaves. Dans une large mesure, les structures russes évoquées par Tesnière dans les Eléments, confirment l’existence des phénomènes décrits par la syntaxe structurale ainsi que le potentiel d’application de ses principes dans différents domaines (à savoir la classification typologique des langues, la valence des verbes, l’interrogation et la négation) et persistent surtout dans le cadre des mécanismes de jonction et de translation. Par la diversité et la complexité de ressources auxquelles il recourt, Tesnière puise dans différents contextes et types de discours en russe, à partir de belles lettres jusqu’à la langue familière.
En général, les structures de la langue russe sont assez nombreuses dans les Eléments, ce qui ne doit pas surprendre, compte tenu de l’affinité forte de Tesnière pour la langue russe (notamment au début de son parcours de chercheur et d’enseignant) ainsi que pour d’autres langues slaves.
„Il ne peut y avoir structure qu’autant qu’il y a fonction“ (Tesnière 1988: 39), figure parmi les postulats les plus authentiques de la théorie tesniérienne. Dans ce cadre, Tesnière décrit un nombre relativement restreint de fonctions syntaxiques, dont le potentiel, pourtant, demeure assez puissant. Le procès, les actants et les circonstants remplacent d’une manière efficace un grand nombre de fonctions de la grammaire traditionnelle. Du point de vue de la syntaxe structurale, les actants sont subordonnés au verbe, cependant, leur place par rapport au verbe est définie suivant les critères sémantiques. Ainsi la syntaxe et la sémantique, malgré leur indépendance au plan théorique, demeurent-elles parallèles dans l’élaboration de la théorie des actants.
L’objectif de cette contribution est de décrire en premier lieu le concept de fonction dans les Eléments pour répertorier ensuite les fonctions syntaxiques principales ainsi que les structures russes y afférant. On voudrait montrer par là le rôle du russe et de ses structures dans l’élaboration de cette théorie syntaxique (et linguistique) unique à visée générale.
Ganea Alina,
Université « Dunărea de Jos » de Galaţi, Roumanie
« La construction de l’image de leader dans le discours d’investiture présidentielle »
Cette communication propose une analyse des discours d’investiture des présidents français et américains des dernières trente années en vue de révéler les stratégies utilisées dans la construction de l’image de leader républicain. Le discours d’investiture marque l’entrée en fonction du nouveau président élu et représente son premier message officiel adressé au peuple en tant que chef d’État. À la différence des autres prises de parole de la sphère politique, ce discours est spécial car c’est le moment de début du processus de construction de l’image de dirigeant et une instance où son acte de leadership prend ses contours. Plus précisément, les aspects visés dans cette étude concernent : 1. l’identification des mots clés qui balisent le discours des présidents français et américains ; 2. l’analyse des rapports instaurés avec l’instance citoyenne dans le discours ; 3. l’analyse des stratégies discursives utilisées pour exprimer des prises de position politique ; 4. l’étude du degré de formalité vs familiarité envers l’auditoire. Tous ces éléments, emblématiques pour la construction de l’image de leader, seront cumulés et analysés afin de définir les caractéristiques récurrentes mais aussi divergentes de la figure présidentielle dans les deux pays. L’analyse sera menée sur les discours d’investiture de Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, François Hollande, George Bush, William J. Clinton, George W. Bush et Barack Obama.
Mots-clés : discours d’investiture, analyse de discours, stratégie discursive, stratégie rhétorique, leader américain
Genero Véronique,
Université de Bourgogne, France
« Le continu et le contenu dans l’appareil formel de l’énonciation »
À l’heure où le Continu réinvestit les recherches en linguistique, il apparaît pertinent de revisiter quelques notions, concepts et théories qui n’ont laissé dans la mémoire que les marques du discontinu, du discret et qui, pensons-nous aujourd’hui, dépassaient largement des conceptions empreintes d’un structuralisme régnant. Le « Sujet » , et plus généralement « L’appareil formel de l’énonciation » d’Émile Benveniste en font partie. Ce que l’on en retient, même si le linguiste n’a eu de cesse de chercher dans les formes du discours la présence humaine qui les habite – ces « expérience », « vécu », « présence » qui reviennent sans cesse dans ses brouillons – ce sont ces formes « vides », ces espaces « vides », ces signifiants sans contenu, n’attendant que d’être remplis, investis par un sujet s’inventant et se réinventant dans ce moment à chaque fois unique qu’est l’énoncé ; sujet discret, dans un espace discret, dans un moment discret, un « je-ici-maintenant » autour duquel tout s’organise mais dont l’interprétation semble manquer d’ambition au vu du génie de son auteur. Alors peut-être est-il temps de réinjecter dans ce « je » linguistique discontinu, un peu de ce « je transcendantal de l’énonciation », celui « qui assure la permanence de la conscience », cette « unité psychique qui transcende la totalité des expériences vécues » pour retrouver le continu et faire taire le « grand bourdonnement incessant et désordonné du discours » évoqué par Foucault.
Mots-clés : sujet, continu/discontinu, subjectivité, individuation, temps, espace