Section Activité traduisante

 

Le Calvé Ivičević Evaine,
Université de Zagreb, Croatie

« Passeur de monde : le traducteur entre force structurante de la langue-culture et force déstructurante du processus traductif dans Vilikon de Jasna Horvat »

Cette contribution portera sur le roman encyclopédique Vilikon, ouvrage de Jasna Horvat consacré aux fées. Dans un premier temps, nous présenterons rapidement la contrainte mathématique qui régit la structure de Vilikon, à savoir un carré magique de constante 12. Composé de trois séries de trois nombres, il dicte le cheminement emprunté par les récits que, 12 mois durant, le navigateur Marco Polo propose aux oreilles de Kubilai Khan, en échange d’une promesse de liberté à l’issue de cette année passée à la cour. Le rôle structurant de la figure du carré magique ne suscite aucune difficulté lors du processus traductif. En revanche, c’est au niveau de la structuration thématique que surgit la tension entre force structurante de la langue-culture et force déstructurante du processus traductif. En effet, conformément au parti-pris narratif de l’auteure, le récit est entièrement dédié à un inventaire du monde des « femmes invisibles, les fées » du Royaume de Croatie. Dans un premier temps, nous nous attacherons à montrer comment se révèle ici le concept de « langue-culture », par lequel H. Meschonnic signale qu’une langue et sa culture forment un tout indissociable. Dans la suite, nous mesurerons dans quelle mesure la structure thématique, discursive, rythmique du récit est soumise à des altérations plus ou moins fortes lors de la traduction. Notre réflexion sera étayée par des exemples tirés d’extraits traduits de l’avant-dernière case de la dernière rangée, à savoir la case 6. Pour finir, nous nous efforcerons de proposer plusieurs suggestions au service d’une traduction satisfaisante de cet ouvrage.

 

Mezeg Adriana,
Université de Ljubljana, Slovénie

« Traduire les constructions détachées verbales françaises en slovène : aspects syntaxiques et sémantiques »

Le présent article se concentre sur les constructions détachées françaises dont le noyau représente un gérondif, un participe présent ou bien un participe passé, exemple : « En condamnant le terrorisme, nous prenons un risque politique. » (Le Monde diplomatique, août 2007) Dépourvues d’une forme verbale personnelle et d’un connecteur dans la structure de surface, les traducteurs ont du mal à les rendre en slovène. S’appuyant sur les exemples extraits du corpus français-slovène FraSloK, nous allons aborder plusieurs questions qui nous aideront à découvrir des stratégies facilitant leur traduction vers le slovène. D’un côté, il nous intéressera à quelle fréquence les structures des textes du départ sont retenues en slovène et s’il est possible de déterminer les facteurs qui permettent leur maintien en slovène ou bien demandent l’emploi d’une autre structure ; dans ce dernier cas, nous allons vérifier sous quelle forme le contenu des gérondifs, participes présents et passés a été exprimé en slovène. De l’autre côté, l’analyse nous montrera si la valeur sémantique (par exemple temporelle, causale, consécutive, etc.), sous-entendue entre une construction détachée et une phrase principale française, reste implicite dans les traductions slovènes ou non. De surcroît, nous essaierons de déterminer quelles valeurs s’établissent ou peuvent s’établir entre une phrase principale française et une structure détachée comportant un gérondif ou un participe présent ou passé, et quels facteurs permettent leur détermination.

 

Mikšić Vanda,
Université de Zadar, Croatie

« Traduire les noms propres
dans La Vie mode d’emploi – entre défis et compromis »

Par la présente communication, je me propose d’aborder la question de la traduction du nom propre dans le roman La Vie mode d’emploi (1978) de Georges Perec. Cet ouvrage étale devant le lecteur une multitude de personnages, ainsi qu’une panoplie de références extratextuelles – toponymes, personnages historiques, titres de livres, de journaux, d’œuvres d’art, etc. Traités aux niveaux lexical, syntaxique et sémantique, tous ces noms propres autorisent une catégorisation assez nuancée des procédés de traduction auxquels on peut recourir. D’autre part, il est désormais bien connu, notamment grâce au Cahier des charges de La Vie mode d’emploi (1993), que ce roman est bâti sur un système complexe de contraintes tissant le texte, parmi lesquelles figurent également certains noms propres. Aussi le traducteur de La Vie mode d’emploi est-il forcément aux aguets de ces marques explicites (mots, noms, syntagmes, etc.) ou implicites. Les noms propres participent donc d’un vaste projet formel se reflétant dans le discours, et doivent être considérés sous cette perspective. Je tenterai donc, dans la deuxième partie de mon intervention, d’analyser quelques cas où les noms propres – simples ou composés – revêtent ce double rôle de référent et de contrainte, tendant au traducteur un piège qui parfois s’avère insurmontable. Je vais vérifier si les procédés de traduction employés dans ces cas sont cohérents ou non, et s’ils donnent lieu à une conclusion plus générale.

 

Nikolovski Zoran,
Université « Saint-Clément d’Ohrid » de Bitola, Macédoine

« Emprunts lexicaux anglais en français dans le cinéma et la photographie »

L’influence du vocabulaire anglais dans le domaine du cinéma et de la photographie est remarquable dans toutes les langues du monde. Le français n’en est pas exclu : on rencontre de plus en plus d’anglicismes dans tous les domaines de la société. C’est pourquoi, notre intervention étudie la pénétration et la présence des emprunts lexicaux anglais en français dans le domaine du cinéma et la photographie après la Deuxième Guerre mondiale. Nous exposons aussi les raisons de la pénétration des emprunts lexicaux anglais, leurs formes graphiques, phonétiques et leurs sens. Pour justifier leur présence et la période de pénétration en français, nous montrons des exemples et des synonymes, ainsi que la date de leur première attestation dans ce domaine. Nous exposons aussi les traductions, c’est-à-dire, les recommandations du Journal Officiel de la République française et celles du Grand dictionnaire terminologique du Canada préconisant l’emploi de la variante canadienne par rapport à ces emprunts lexicaux. De telle sorte, en présentant les emprunts lexicaux anglais dans la langue française, nous montrons l’influence de la langue et de la culture anglo-américaine sur la langue et la société française et les interventions de la France et du Québec par rapport à ces emprunts.

Mots-clés : emprunts lexicaux anglais, cinéma, photographie, France, Québec

 

Ralić Sara,
Université Paris-Sorbonne, France

« Pluridimensionnalité de l’expression figée comme objet de manipulations : problèmes de la traduction littéraire »

L’objectif de notre contribution consiste à nous interroger sur la pertinence du dilemme entre « l’approche cibliste / ethnocentrique et l’approche sourcière / éthique » (Ladmiral ; Berman) quant à la traduction d’expressions figées et défigées du français vers le croate et le serbe. Comme ces dernières sont par définition caractérisées par une forte dimension culturelle, il paraît justifié de présumer que le traducteur a devant lui le choix entre la stratégie de domestication, d’une part, et la stratégie qui insiste sur la tonalité exotique, de l’autre. Les réponses aux questions suivantes nous permettront cependant d’infirmer cette idée : les divergences interlinguales découlent-elles des mécanismes linguistiques (polylexicalité, globalisation, conceptualisation, aréférenciation, figuration, etc.) de l’expression figée ancrée dans le texte littéraire ou de ses constituants culturellement marqués ? Quel est le lien entre la vision subjective objectivée par le figement (Mejri), les aspects stéréotypiques et la subjectivité du locuteur ? Est-ce la valeur dénotative ou connotative des réminiscences littérales qui sert l’intention communicative du locuteur ? Nous montrerons que les problèmes d’interprétation et de traduction relèvent de la façon dont le locuteur établit le lien entre la conceptualisation inhérente à l’expression figée, elle-même construite sur la base des concepts préexistants – d’où l’image mentale et la charge connotative -, et la réalité à laquelle il l’applique. Ce sont les multiples possibilités de manipuler le concept de l’expression figée, en vue de l’étendre à de nouveaux contextes, qui causent les problèmes de son interprétation et de sa traduction dans une autre langue.