Recueil des résumés Pdf ( 943KB )
Bacali Mihaela,
Université de Bucarest, Roumanie
« Lucian Blaga, Je n‘écrase pas la corolle des merveilles du monde – vers une poétique du “non-dit” »
Je n’écrase pas la corolle des merveilles du monde, c’est la poésie qui ouvre le recueil Les poèmes de la lumière, le premier recueil de poésies de Lucian Blaga, publié en 1919. Art poétique, la poésie devient la quintessence de la création lyrique du poète ayant au centre la notion de mystère, l’un des concepts les plus utilisés autant dans la poésie que dans l’œuvre philosophique. En tant que philosophe, Blaga ne veut pas renouveler l’expérience du Paradis, il ne veut pas, non plus, devenir « voleur du feu », forçant les portes de la Connaissance, en tant que poète, il ne veut pas déchirer le vaste tissu de signes constitué par le langage. En effet, Blaga refuse la parole, pour lui la splendide aventure des mots est plutôt une quête à rebours, une quête qui mène vers les origines. Le signe poétique, avec ses deux constituants, le signifié et le signifiant, tend à se débarrasser du dernier. Cette poétique du mystère se manifeste au niveau de la poéticité du poème par une présence accrue des mots ayant le trait sémique de « minus, négatif », comme dans le titre : « Je n‘écrase pas », ou « neînţeles, neînţelesuri » (roum. « ce qui est incompréhensible, l’incompréhensible ».
Les difficultés rencontrées dans la traduction en français reflètent les idées théoriques de Blaga, surtout celle de l’impossibilité de la connaissance par des mots. Ainsi le verbe du titre (en roumain « a strivi ») a été transposé en français par « écraser », en réalité en roumain ce verbe signifie « a zdrobi », un verbe qui a un sens beaucoup plus fort que le premier. En comparant trois traductions du poème, on a constaté cet obstacle auquel les traducteurs se sont heurtés. En dehors d’une analyse du poème sous l‘aspect du langage, l’étude essaie d’offrir aussi des solutions à ces problèmes de la traduction.
Barbosa Aline,
Pontificia Universidade Católica do Rio de Janeiro, Brésil
« L’équivoque comme essence – la littérature marginale de Georges Bataille »
Les expériences marginales sont un moyen d’exploration privilégié pour penser le langage de l’œuvre d’art, parce qu’elles révèlent des aspects de l’excès, des expériences-limites qui menacent le langage de la raison et des liens logiques, qui sont des moyens suprêmes de protection et de défense du sujet. Il s’agit de libérer les limites de la subjectivité, de refuser la censure, de vivre avec magie, échappant au monde de la raison et de la productivité, finalement de considérer l’erreur comme essentielle. Désespérément irrécupérable, inutilisable, définitivement inacceptable : maudite – c’est ce statut spécial-là que Georges Bataille a donné à la littérature, le rapprochant au sacrifice et à la criminalité. Utilisant les concepts de « Mal », de « Sacrifice » et d’ « Expérience Intérieure », Bataille observe la littérature moderne à travers son caractère de négativité par rapport au langage. Dans son œuvre littéraire prédominent des récits délirants et des personnages libertins, véhicules de révélations profondes sur le corps, la vie et la mort. En abordant avant tout son livre Histoire de l’œil (1937), et en évoquant les concepts et la discussion ci-dessus, nous proposons de penser la littérature par son caractère intrinsèquement marginale, de différence et de déviation, de subversion de l’ordre du discours.
Domingues de Almeida José,
Université de Porto, Portugal
« L’héritage intériorisé de Ferdinand de Saussure dans les essais de Roland Barthes, au vu de la théorisation de fiction française contemporaine »
Il s’agira, dans cette communication, de revenir – tout en l’interrogeant et la mettant à jour – sur les aspects intériorisés par la critique littéraire du premier structuralisme de Roland Barthes et qui ont, de fait, pour inspiration explicite et formelle les propositions structuralistes saussuriennes quant à la distinction langue et parole.
Nous nous attacherons à la convocation / évocation du Barthes « saussurien » dans les textes critiques et théoriques sur la fiction française contemporaine, à savoir celle qui s’affirme au tournant des années 1980, c’est-à-dire précisément à la suite de la disparition de Barthes.
Bien évidemment, il nous faudra procéder à une relecture de textes critiques incontournables tels que Le Degré zéro de l’écriture, Le Plaisir du Texte ou Roland Barthes par Roland Barthes ; lesquels ont fini, a posteriori, par faire eux-mêmes l’objet d’une redécouverte par plusieurs théoriciens du contemporain romanesque en langue française.
Levačić Patrick, Eschebach Tea,
Université de Zadar, Croatie
« Fêtes napoléoniennes à Dubrovnik – vérité historique ou légende ? »
Le point de départ de notre recherche est un article de Jean Dayre intitulé « Fêtes napoléoniennes à Raguse », publié dans le journal croate Obzor le 31 janvier 1941 et ensuite traduit dans « Les annales de l’Institut français de Zagreb » (juillet – décembre 1941).
Nous nous posons les questions suivantes :
Peut-on trouver les fêtes napoléoniennes à Dubrovnik dans les documents historiques ou dans le premier journal en langue croate (Le Dalmate Royal) ?
Est-ce que ces fêtes existaient vraiment ou faut-il chercher l’explication de la parution de l’article de Jean Dayre dans un contexte historique et politique de l’année 1941 ?
Étant donné que l’article de Dayre n’est pas fondé sur des faits historiques mais sur la propagande, nous allons montrer que le discours de Dayre « hésite » entre la vérité et le mensonge, c’est-à-dire entre l’histoire et la légende.
Avec cet article nous montrons que les fêtes napoléoniennes ont encore deux niveaux :
- les émotions envers Napoléon (le lien entre la culture croate et française)
- la création d’une belle image de la France (la langue et la propagande)
Notre article représente le commencement d’une recherche sur les fêtes napoléoniennes en Dalmatie qui pourrait également donner lieu à une recherche plus détaillée sur les fêtes napoléoniennes à Dubrovnik où se superposent l’histoire, la stylistique et la sémiotique.
Mokaddem Salim,
Université de Montpellier, France
« La parole et le discours philosophique comme vérité et acte parrhésiastique »
La philosophie de Michel Foucault, plurielle et généalogique, au sens précis de l’affirmation négative d’une parole du dehors, institue un agencement précis et stratégique qui différencie, dans la pratique parrhésiastique, le discours, l’énoncé, le langage de la loi, celui de la norme et celui de la vérité. Nous voudrions montrer en quoi la parole du séminaire et l’écrit du corpus définissent chez Foucault une pratique politique de l’histoire de l’Occident et une logique archéologique de ses savoirs. Le recours systématique à la mise en situation historique définit une façon de penser les liens entre discours et pratiques qui introduit les questions des possibles de nos libertés dans un rapport à l’archive alors émancipée des questions herméneutiques et exégétiques autour de son historicité originaire.