Francontraste 2010
Analyse contrastive des constructions détachées participiales et de leurs traductions slovènes dans le corpus parallèle FraSloK
Les textes français écrits révèlent l’emploi fréquent des constructions dites « détachées » (CD) dont les propriétés principales sont, d’après Combettes (Les constructions détachées en français, Paris, Ophrys, 1998, p. 10-13) : la liberté de position dans la phrase, la séparation du reste de la phrase par une virgule, la prédication seconde et la relation de coréférence avec le sujet de la phrase. Exemple : Ne bénéficiant plus de l’assise de la population, les rebelles se révèlent plus aisés à combattre. (Le Monde diplomatique, décembre 2007) Pour un locuteur non francophone, ces constructions s’avèrent difficiles à décoder du fait de leurs caractéristiques syntaxiques et sémantiques particulières au niveau phrastique. Pour que leur interprétation soit correcte, il faut aussi tenir compte de la référence textuelle au niveau phrastique de même que textuel, et du contexte en général. Étant d’un emploi rare dans les textes slovènes contemporains et semblant archaïques dans la langue slovène contemporaine, nous supposons que les traducteurs les remplacent par d’autres structures, notamment des propositions subordonnées qui leur correspondent sémantiquement. Nous allons vérifier cette hypothèse de l’explicitation des éléments syntaxico-sémantiques dans les traductions slovènes des CD françaises à partir de l’exemple des constructions détachées participiales initiales, extraites automatiquement du corpus parallèle français-slovène (2,5 millions de mots), constitué dans le cadre de notre thèse de doctorat, par le concordancier bilingue ParaConc de Michael Barlow. L’analyse détaillée des exemples français, ainsi que des traductions slovènes, nous permettra de découvrir certaines stratégies traductionnelles et de les offrir comme modèle de résolution de cette problématique.
Voyl, voile, voyelle ou comment traduire le vide. Stratégie(s), pertes et compensations dans la traduction de La Disparition par Georges Perec en croate
Écrit d'un bout à l'autre sans la voyelle e, le roman de Georges Perec, La Disparition, ne cesse de défier les traducteurs depuis sa parution en 1969. Tandis que les uns suivent le texte « à la voyelle », les autres sont plutôt portés à moduler le discours, en omettant systématiquement une autre voyelle (a dans la version espagnole, o en russe, i dans la traduction japonaise). Afin d'en arriver à une traduction croate appropriée de ce texte intégrant un vide, un non-lieu, nous allons examiner ici les données extratextuelles disponibles, et nous allons isoler et analyser les traits pertinents de la stratégie discursive adoptée par l'auteur. Cette stratégie, qui repose sur un usage massif des jeux de mots, et sur des références extratextuelles et intertextuelles, produit divers effets perlocutoires (sémantiques, pragmatiques, symboliques, poétiques, philosophiques, etc.). Elle nous fournit ainsi des pistes à suivre si nous voulons aboutir, lors de la traduction vers le croate, à un équivalent discursif et poétique adapté qui maintienne un équilibre tolérable entre les pertes et les compensations.
M’RAIM, Malika (Université de Tiaret, Faculté des sciences Humaines et Sociales)
L’apport de la linguistique à la traduction : état des lieux et perspectives
Les questions d’ordre linguistique occupent une place de choix dans les réflexions des traducteurs. On les trouve déjà chez Saint Augustin (354-430) et chez les Romains. Faisant figure de tâche ancillaire, d’activité subalterne, la traduction est de plus en plus au centre des discussions des sciences humaines. Après avoir travaillé séparément et s’être ignorés mutuellement, linguistes et spécialistes de la traduction ont accepté l’idée d’une association linguistique – traduction, voire d'un jumelage de ces disciplines, qui a vu le jour avec Georges Mounin, ce dernier considérant l’ignorance complète de l’existence de la traduction par tous les traités de linguistique comme « le plus grand scandale de la linguistique contemporaine » (Georges Mounin (1963) : Les problèmes théoriques de la traduction, Paris Gallimard, p. 8.). Situé à la croisée des disciplines, l’intérêt pour la traduction, à la fois en tant que pratique et comme objet de discipline, intéresse plus d’un, ainsi qu’en témoignent le nombre et la variété des publications dans ce domaine. Chacun l’abordera sous un angle qui lui est propre, à l’aune de ses intérêts et de ses compétences, en privilégiant la pratique ou la théorie, sans toutefois que ces derniers puissent être dissociés. Dans notre intervention, nous interrogerons les différentes théories linguistiques et leur rapport avec la traduction avant de faire un état des lieux au vu des travaux récents dans ce domaine.
Les marqueurs de l'oral en français et en slovène et la justification de leur utilisation en interprétation
Les marqueurs de l'oral dans le discours peuvent assurer le rôle, selon les définitions, des marqueurs de la structuration discursive, des marqueurs de la modalisation du discours ou des connecteurs. Intéressants pour leur rôle en communication, ils diffèrent en fonction du registre de l'oral, de la formalité de la communication, des choix personnels des locuteurs.
(Se) situer par les indices personnels: analyse contrastive de dialogues dramatiques
En s’appuyant sur un corpus de textes de théâtre et leurs traductions en bulgare, on essaiera de démontrer que, dans certains de leurs emplois, les pronoms personnels se destinent à situer d’une manière spécifique les participants à une interaction. On cherchera à montrer que le recours aux indices de personne est un moyen, parmi d’autres, de hiérarchiser l’espace social et interpersonnel. D’un côté, les indices personnels servent à attribuer ou bien à s’auto-attribuer un statut social (les formes de politesse, de familiarité etc.). Qu’il s’agisse d’expression ou de création identitaire, ils fonctionnent comme des outils de répartition des actants dans les cases préexistantes des rapports sociaux. D’un autre côté, les indices personnels représentent un moyen sans pair de marquer les états émotionnels et les différents types de relations qui s’instaurent entre les personnages au fur et à mesure du déploiement du sujet dramatique. Transposant ceci en termes de spatialité, on pourrait parler de la variation du degré de rapprochement ou d’éloignement des interlocuteurs obtenue grâce au choix d’un indice au détriment d’un autre (par ex. « vous » au lieu de « tu » ; « on » au lieu de « tu/vous », etc.).