Recueil des résumés – Section Littérature

Recueil des résumés ( Pdf 700 KB )

 

Antić Varja BALŽALORSKY

Université de Ljubljana, Faculté des Arts

Subjectivité et affectivité dans le poème

La communication abordera l’articulation la subjectivité et de l’affectivité dans le poème, question qui a préoccupé, on le sait, la majorité des théories de la poésie dans l’histoire. Il s’agira de rapprocher deux perspectives théoriques qui, de loin, paraissent très divergentes.

Dans un premier temps, nous allons traiter de la poétique du discours d’Henri Meschonnic en exposant sommairement ses notions-clés et présenter les apports cruciaux du travail de Meschonnic inspiré par la théorie du discours d’Émile Benveniste.

Nous passerons ensuite à la question de la subjectivité et de l’affectivité dans le poème du point de vue des certaines théories dites non-égologique du sujet (de F. Schleiermacher, de Novalis, de F. Hölderlin, de J.-P. Sartre) synthétisées par M. Frank.

Dans la théorie de Schleiermacher, l’individu est irréductiblement lié au langage structuré, lui, de la même manière que l’individu, c’est-à-dire par la dynamique incessante de deux types de conscience de soi, préréflexif (ou affectif) et réflexif. Dans un énoncé, la conscience préréflexive s’articule par ce que Schleiermacher appelle « style ». Englobé dans l’energeia de l’énonciation selon Schleiermacher, il nous semble que le style peut être rapproché du système sémantique d’Émile Benveniste, mais aussi de la conception spécifique du rythme chez Meschonnic.

Après une mise en parallèle de ces deux perspectives, nous tenterons de proposer les possibilités de leur synthèse en introduisant trois modes subjectifs qui président à la configuration subjective du texte poétique tout en supposant l’absence de hiérarchie au niveau du système discursif: le mode réflexif, le mode préréflexif ou affectif et le mode corporel.




Krisztián BENE

Université de Pécs, Faculté des Lettres

L’affectivité dans les récits autobiographiques des volontaires français de l’armée allemande

L’engagement et l’histoire des volontaires français dans les forces armées allemandes pendant la Seconde Guerre mondiale sont des faits pratiquement inconnus pour le grand public (et évidemment peu traité dans l’historiographie française). Les survivants de ces formations militaires ont nous laissé une littérature de mémoires abondante qui constitue une source importante pour la meilleure connaissance de ce la collaboration militaire française. Cependant ces témoignages surtout récemment publiés ont un autre aspect méconnu, notamment celui des relations émotionnelles décrites par les auteurs. Bien que ces volontaires soient traités par la société française comme un ensemble de mercenaires et de traîtres (qui est souvent une constatation adéquate), l’image est bien plus nuancée, car on y trouve des idéalistes, des intellectuels et des militants politiques qui sont animés par une certaine conviction idéologique. Par conséquent, l’analyse de ces récits permet de reconstituer la complexité des relations qui relient ces soldats à leurs familles, à la société française et aux populations locales ayant connu pendant leur service. L’étude affective de ces ouvrages souvent négligés contribue à l’enrichissement de nos connaissances concernant l’arrière-plan psychologique et émotionnel de ce phénomène particulier.




Ferdaous BOUAINE

Université de Carthage / Université Lumière, Lyon 2

A cœurs….. à corps ou « pour une lecture passionnelle du tombeau d’Ibn Arabi d’A. Meddeb »

« je m’étais vu errant dans les pays, balbutiant tous les idiomes, touchant toutes les écritures, entrant et sortant, au hasard des rencontres, d’une scène l’autre, admirant la trace des peuples, voyageant dans les temps, erratique, mutant, changeant, dans le miroir des métamorphose, au sort de la passion qui meut le monde » . A.Meddeb

Dans nos textes, la parole et le monde ne cessent de se faire et de se défaire. Le lien d’amour, fascinant, labile, infiniment renoué, concerne en l’un de ses degrés seulement l’homme et la femme, puisqu’il s’étend à toute la création, aux rapports entre les êtres et les éléments. La femme, cependant, est omniprésente, car c’est elle qui motive le principe même de toute relation aimante. C’est elle qui inspire le désir et l’incite à se purifier de toute velléité prédatrice. C’est elle enfin qui suscite l’utopie du texte, c’est elle qui ramène à Dieu, « aimer dieu ou aimer la femme ou l’un à travers l’autre voilà ce qui fait la particularité de l’érotique arabe » selon Jamel Ben Chiekh.

Voilà ce qui motive la présence de la femme aimée dans un texte qui avoue dés le titre sa vocation mystique, présence qui installe la pluralité des corps; et c’est cette pluralité qui va permettre le mouvement vers le dépassement des contraires, leur conjonction grâce à l’union amoureuse. La présence du corps de la femme motive un élan d’un corps éclaté vers l’union dans laquelle il rétablit son unité essentielle.

Le corps dans le Tombeau d’Ibn Arabi, n’est pas un corps malade, c’est un corps en transe (stance 42 – 47- 48). En effet, l’écriture de la traversée obtient son mouvement du langage qui saisit le corps, un langage inconnu qui permet l’élaboration d’une parole inaugurale qui dit l’expérience du corps en transe. L’étrangeté langagière correspond alors à celle du corps dont l’expérience déclenche l’acte d’écriture ; et l’écriture révèle le corps comme lieu du langage, stèle sur laquelle la voix inconnue inscrit sa dictée. Le corps appelle le corps, et c’est le corps de l’autre -la femme- qui apparaît et se dévoile transfiguré en jardin paradisiaque, lors de la rencontre dans le jardin parisien. Le désir amoureux motive l’éveil des sens qui mène à la naissance du corps transfiguré, à travers sa parole inaugurale : le cri ensuite la danse. La naissance du corps dans l’extase lui procure le détachement et la disponibilité nécessaires pour une vision neuve du monde.

Nous essayerons dans un premier temps de souligner l’importance du corps dans la pensée passionnelle soufie, pour montrer par la suite que l’amour de la femme n’est qu’un support à l’adoration divine.