Recueil des résumés – Section Sciences du langage

Kouakou Kouman FODJO

Ecole normale superieure (E.N.S.) Abidjan-Cocody, Côte d’Ivoire

Affectivité et subjectivité dans la presse écrite ivoirienne

Reproduire et/ou mettre en scène les paroles d’autrui sont des stratégies discursives fréquentes dans l’écrit de presse. Toutefois, le journaliste doit rester conforme aux règles doxiques de cet écrit : « faire savoir, informer ». Pour y arriver, ce dernier utilise des procédés qui visent à restituer le « déjà dit » objectivement. Cela passe par des manières de rapporter qui exigent l’« effacement » du journaliste pour « rendre plus présent » l’énonciateur cité et « légitiment » l’objectivité et sa crédibilité tout à la fois. Mais, face à la difficulté à séparer la part référentielle de la sémantique de ses dimensions pragmatiques et argumentatives, et l’omniprésence des subjectivités énonciative et intersubjective à toute stratégie discursive, nous nous interrogeons sur l’« absence » du journaliste, ou la « présence » de l’énonciateur cité. Autrement dit, l’écrit de presse peut-il être essentiellement objectif ?

Fortement inspirée par les travaux de Charaudeau, Ducrot, Maingueneau, Koren, Authier, Rabatel …, notre analyse a pour cadre de référence la linguistique des discours et de l’énonciation. Elle s’intéresse à la matérialité de l’ « absence » du journaliste ou de la « présence » de l’énonciateur cité. Elle analysera en outre le sens et les facettes des processus de construction de l’écrit de presse. Il s’agira par ailleurs d’identifier les différentes facettes du « dit » de presse à travers sa conceptualisation à partir des énoncés.




Ivana FRANIĆ

Université de Zagreb, Croatie

Entre mots et phrases : phrasillons affectifs en français et en croate

La présente contribution s’efforcera de questionner le statut des mots-phrases ou phrasillons suivant les postulats de la théorie syntaxique tesniérienne. Dans un premier temps on présentera un aperçu des travaux dans le domaine portant sur ce sujet, afin de pouvoir proposer, dans un deuxième temps, une analyse contrastive français-croate du statut et de l’emploi des phrasillons affectifs.

Les mots-phrases ou phrasillons sont des mots composites. Ils sont des équivalents de phrases, ils sont structuralement inanalysables (Tesnière) et correspondent aux interjections de la grammaire traditionnelle. Situés aux confins de la grammaire et du lexique (Porquier), les phrasillons ou phrases à prédication impliquée (Wilmet 1997), sont porteurs d’un contenu sémantique extrêmement complexe et très nuancé. A la différence des phrasillons logiques (voici, voilà, oui, non), les phrasillons affectifs expriment, à des degrés divers, l’attitude du locuteur soit envers le monde extralinguistique soit envers un certain élément de la situation d’énonciation. Les valeurs de trois catégories tesniériennes de phrasillons affectifs (impératifs : s’il vous plaît ! pst ! chut ! ; représentatifs : pif ! paf ! et impulsifs : aïe ! hélas ! ouais !) sont difficiles à identifier avec précision, pour la simple raison que leur contenu sémantique est étroitement lié à l’énonciation ou, à en reprendre le passage de Bally « la valeur modale des interjections […] est alors déterminée par le contexte et l’intonation. » L’analyse recensera un répertoire représentatif de phrasillons affectifs français et croates.




Tomislav FRLETA, Maja KUZMANIĆ

Université de Zadar, Croatie

Articles en croate : fait de la langue ou fait du style ?

Le travail proposé examine les articles en croate à la lumière de la psychosystématique du langage guillaumienne. À travers l’article occulte ou d’autres formes d’expression da la détermination nominale qui, en croate, ne repose pas sur le nom seul, centre du syntagme nominal, mais plutôt sur l’incidence de la phrase toute entière (Znika, 2004), jusqu’à l’équivalent de l’article indéfini (jedan, neki) ou défini (taj, ovaj), il est analysé la présence d’article dans la langue croate comme éventuelle partie de langue, et dont l’existence (selon Silić, 2000 ; Marković, 2002, Bajrić, 2006 ; etc.) conduit inévitablement à s’interroger sérieusement sur la nomenclature existante des catégories grammaticales croates.

Il semble que l’article croate apparaisse encore pour des raisons stylistiques et il ne peut pas avoir le même statut en tant que l’article français car, en croate, il n’est pas l’élément obligatoire d’une phrase (par opposition du français où l’article devient « accompagnateur éternellement présent » d’un nom ; Bajrić, 1997) et il ne respecte pas des règles d’utilisation spéciales.

Cette étude bénéficie d’un grand nombre d’exemples du corpus choisi (les romans français et leurs traductions croates) grâce auxquels on tire la conclusion suivante : le croate n’est pas dépourvu de tout système d’article et l’utilisation des certains équivalents se déroule pour des raisons stylistiques ou pour simple impact des langues étrangères (en ce cas, du français, dotée de cette catégorie linguistique) qui insensiblement changent notre vision lors de la traduction.