Eugenia ENACHE
Université « Petru Maior », Tg. Mures ; Roumanie
Panaït Istrati auteur et (auto)traducteur
Le traducteur n’est qu’un porte-parole de l’auteur, un pur relais qui ré-énonce le texte dans une autre langue, et qui, d’ordinaire, s’efface et ne laisse aucune marque énonciative propre. Parfois la traduction est réalisée par l’auteur même du texte original et alors le problème qui se pose est celui de la relation de la traduction avec l’œuvre originale et, notamment, de l’expérience de la langue cible et la langue source.
Le travail comparatif bilingue que nous envisageons porte sur l’œuvre de Panaït Istrati, Kyra Kyralina / Chira Chiralina. L’auteur s’était trouvé dans la situation de traduire en langue maternelle ce qu’il avait construit et écrit en français, langue apprise par les lectures des classiques français. Respecter, dans les deux textes, la singularité d’une parole c’est une tâche assez difficile car traduire signifie non seulement rendre le sens d’une expression mais aussi reconstruire un monde.
L’analyse a en vue d’examiner le degré de fidélité à mettre en évidence une situation culturelle spécifique, à restituer la couleur locale et l’intention de l’auteur/traducteur Istrati. Il nous semble intéressant d’observer le niveau linguistique, le niveau dénotatif, le découpage ou la fragmentation des expressions, des unités phraséologiques et syntagmatiques dans les deux langues, les choix de l’auteur-traducteur afin de rendre le rythme, la tonalité et le même degré d’accentuation d’une idée, d’une attitude ou bien d’un sentiment.
Daniela HĂISAN
Université « Ştefan cel Mare » de Suceava, Roumanie
Traduire l’affectivité en roumain et en anglais : le cas de Maupassant
À partir d’un corpus de récits courts de Guy de Maupassant (notamment Mots d’amour, Le baiser, 1882 ; La Parure, Le baptême, 1884 ; Amour, 1886) et leurs traductions en roumain et en anglais, nous allons réfléchir sur l’expression de l’affectivité dans la phrase maupassantienne (lexique, syntaxe, rythme, etc.) ainsi qu’inventorier les stratégies de compensation dans les deux langues-cible. Notre analyse portera aussi sur le poids de l’affection dans l’activité traduisante. Suggérée par Irina Mavrodin dans sa théorie des « pulsions corporelles » (Despre traducere. Literal şi în toate sensurile, 2006) et dévelopée par Douglas Robinson dans une « idéo-/idiosomatique » (The Translator’s Turn, 1991), l’idée que faire la critique d’une traduction suppose, tout comme traduire d’ailleurs, de l’instinct, du goût, de l’affinité, finalement de l’affection, devient d’autant plus évidente lorsqu’il s’agit de traduire la subjectivité.
Vanda MIKSIC
Université de Zadar, Croatie
L´inscription de la subjectivité traduisante, ou comment rendre en croate la contrainte d´une suite alphabétique française (MNOPQRS).
Analyse d´un chapitre de La Disparition par Georges Perec
Poursuivant nos recherches traductologiques sur le très exigeant roman de Georges Perec, La Disparition (1969), nous nous proposons d´analyser les contraintes formelles qui, dans le chapitre 22 dudit ouvrage, imposent au traducteur des stratégies et des choix précis. En l´occurrence, Perec bâtit une histoire d´assassinat de six frères par leur frère cadet sur plusieurs jeux formels ‒ alphabétiques, homophoniques, polysémiques, etc. ‒ qui, tous ensemble, concourent à la création du sens et des effets poétiques, et qui sont extrêmement difficiles à rendre dans une traduction. Partant de la prémisse formulée par Henri Meschonnic (1973, 1999) selon laquelle on traduit le texte en tant que discours, et non pas en tant que langue, et rejoignant la réflexion de Jacqueline Henri sur la traduction des jeux de mots (2003), nous examinerons, par le biais d´une traduction possible, les niveaux de l´inscription de la subjectivité traduisante dans le texte, subjectivite qui, au fond, relève d´une poétique du traduire propre.