Amir BIGLARI
Université du Luxembourg
Sémiotique de l’affectivité : théorie et pratique
La sémiotique de l’Ecole de Paris, fondée par Algirdas Julien Greimas, propose une théorie originale et efficace pour la prise en charge de l’affectivité dans le discours, quel qu’en soit le type, et quel que soit le langage à travers lequel il se manifeste (verbal, visuel, gestuel, etc.). D’une part, elle définit des codes (= des entrées) qui permettent d’étudier les passions sous un nouvel angle : codes figuratifs, codes modaux, codes somatiques, codes perspectifs, codes actantiels, etc. ; d’autre part, elle définit le parcours canonique passionnel, soit un syntagme qui révèle les « étapes » parcourues dans la manifestation de chaque passion. Il est à noter qu’il ne s’agit point d’une théorie passe-partout qui s’applique mécaniquement aux discours, mais d’une théorie qui doit être mise à l’épreuve des discours, c’est-à-dire que chaque discours convoque tel ou tel code passionnel, active/désactive telle ou telle étape du parcours canonique, etc.
Dans cette communication, nous envisageons précisément de : (i) faire une brève présentation de la sémiotique de l’Ecole de Paris et de ses principes, (ii) exposer la théorie de la sémiotique des passions (de l’affectivité), (iii) montrer la manière dont elle intervient pour l’analyse des discours concrets ; dans cette perspective, nous aborderons deux types de discours différents, le discours littéraire et le discours politique : la poésie de Victor Hugo et la campagne électorale de 2012 en France.
Gorana BIKIĆ-CARIĆ
Université de Zagreb, Croatie
L’aspect verbal et l’expression de la subjectivité
Dans cet article nous voudrions nous pencher sur la question de l’expression de la subjectivité dans le domaine de l’aspect verbal en français et en croate.
Même si l’aspect verbal est, surtout, un moyen d’exprimer l’accomplissement ou le non-accomplissement d’une action, nous croyons qu’il ne faut pas négliger la subjectivité qui peut se discerner dans certaines formes des verbes perfectifs et imperfectifs. Entre autres, ces verbes peuvent désigner une action d’intensité inférieure à celle d’une action habituelle (verbes diminutifs – grickati, gricnuti /grignoter), une action d’intensité supérieure (verbes augmentatifs – prejesti se, prejedati se / trop manger, avoir trop mangé), une action qui surpasse une autre action (verbes majoratifs – nadvikati, nadvikivati / crier plus fort que quelqu’un d’autre), une action de grande intensité qui atteint son sommet (verbes intensifs – razveseliti se, razveseljavati se / sentir une grande joie), une action qui suffit au sujet (verbes satifs – najesti se, najedati se / manger à volonté), une action à connotation péjorative (verbes péjoratifs – piskarati / écrivailler) etc. Si nous comparons l’expression de ces sens en français et en croate, il est aisé de remarquer que, très souvent, à l’infinitif croate correspond une périphrase en français. C’est pourquoi nous nous concentrerons aussi sur la comparaison entre l’infinitif croate et ses équivalents français.
Nous illustrerons nos propos à l’aide d’exemples tirés d’un roman croate et de sa traduction en français.
Georgiana BURBEA
Université Transilvania de Brasov, Roumanie
Engagement affectif du locuteur : le cas des forums de discussion
L’article portera sur l’analyse du lexique des sentiments dans deux langues mises en contraste : le français et le roumain. Nous allons examiner des différentes catégories grammaticales (noms, verbes, adjectifs) exprimant un sentiment, tel que colère, enthousiasme, bonheur, joie, tristesse, déception, etc.
Il sera plutôt question dans cette étude des particularités d’ordre lexical, particularités issues de la grande variété qu’on retrouve au niveau de ce lexique.
L’analyse de la notion d’affectivité, dans le sens d’expression des sentiments et des émotions, sera appliquée à un type particulier de conversation, à savoir le forum de discussion. Le choix du corpus trouve l’explication dans les spécificités du forum de discussion, s’agissant tout d’abord d’un type particulier de conversation, un espace de liberté langagière. En effet, les locuteurs ne se connaissant pas entre eux, ils ne se sentent pas contraints, d’où la grande diversité des moyens d’exprimer leurs sentiments envers tel ou tel problème. Par conséquent, il s’agit des conversations « pures », non-altérés par d’autres éléments à l’intérieur desquelles les individus ont plus de courge de « parler » ouvertement.
Grâce à cette liberté d’expression des internautes, ce type de textes abonde en subjectivité, au cœur de laquelle nous allons analyser les moyens d’expressions de l’affectivité des deux langues prises en considération, car c’est justement cette diversité des moyens qui pose des problèmes lors d’un transfert d’une langue à une autre.