Recueil des résumés – Section Sciences du langage

Elvira OROIAN, Elena VELESCU

Université des Sciences Agricoles et Médecine Vétérinaire, Cluj-Napoca, Roumanie

L’expression de l’affectivité et de la subjectivité dans le langage par le biais de la référence déictique, anaphorique et cataphorique

La relation qui existe entre l’affectivité, la subjectivité et le langage a été traitée par beaucoup de philosophes, psychologues et linguistes. En accréditant l’idée de Benveniste (1966) que la subjectivité est la capacité du locuteur à se poser comme sujet, il en résulte que la subjectivité et le langage sont intimement liés. On ne peut user donc du langage sans employer les déictiques et les autres marques qui se définissent toujours part rapport à l’instance de l’énonciation.

Notre article précisera la différence qui existe entre la référence anaphorique et déictique pour exprimer l’affectivité et la subjectivité dans le langage implicitement la différence entre le discours et le récit.

Le discours se déroule dans le champ déictique; on y retrouve le pronom personnel de la première personne de l’énonciateur et le pronom personnel de la deuxième personne de l’allocutaire, les déictiques temporels et les verbes au présent marquant le moment de l’énonciation. Par contre le récit est en totale rupture avec l’actualité de l’énonciateur, il contient donc des anaphoriques (le pronom personnel de la troisième personne) des verbes à l’imparfait. Il s’agit ici d’une subjectivité cachée, car le narrateur retranché derrière ses personnages s’applique à emprunter leur regard et leurs pensées.

La référence cataphorique, quant à elle, intervient assez rarement dans l’expression de l’affectivité et de la subiectivité. Dans le cas du langage non verbal, pour exprimer des sentiments, les adverbes et les locutions adverbiales sont typiques pour la position de cataphorique et les didascalies apparaissent comme subséquent.




Bogdanka PAVELIN LEŠIĆ, Marija SPAJIĆ

Université de Zagreb, Croatie

P. Guberina et Ch. Bally: une vision globalisante et dynamique du langage

L’être communicant n’est pas une machine à penser. Il s’agit d’abord d’un être doté de sensibilité, d’une perception des sens et de sentiments sans lesquels il n’y a ni parole ni cognition.

La langue parlée constitue le domaine que privilégient Charles Bally et Petar Guberina. Bally et Guberina s’ouvrent tous deux à la pluridiciplinarité. Tous deux mettent en valeur l’oralité des phénomènes discursifs et la synergie entre l´affectif, le cognitif et la réalité dans l´expression. En étudiant la manière dont les faits de langue se transforment en faits de style, ils anticipent les recherches énonciatives, pragmatiques et cognitives des faits du langage.

Nous nous proposons de présenter les points communs ainsi que les points de divergence entre la pensée de ces deux chercheurs. Petar Guberina est l’un des rares linguistes à reconnaître ouvertement avoir puisé son inspiration dans l’enseignement de Charles Bally. Cependant, il s’agit de deux chercheurs dont les œuvres respectives sont marquées d’emprunts personnels tout à fait particuliers et originaux. L’affectivité est un thème central dans l’œuvre des deux chercheurs car elle est primordiale à la naissance du langage, à son développement et à l’étude des faits du langage organisés au point de vue de leur contenu affectif. C’est par le biais de l’affectivité que l’on exerce le choix des formes langagières compréhensibles à une société donnée dans une situation concrète.

La mise en valeur de l’affectivité et l’intérêt pour les faits de style les amènent à anticiper/annoncer des sujets tels que la subjectivité dans le langage, les phénomènes de l’énonciation, la problématique de la multimodalité de la parole et de la pluridimensionnalité sémantico-pragmatique du contenu, ainsi que l’étude de la langue dans son usage quotidien.




Gregor PERKO

Faculté des Lettres, Ljubljana, Slovénie

Les constructions « verbe de perception + infinitif » et la subjectivation

Ma communication étudiera des emplois qu’ont développés certains verbes de perception (essentiellement (se) voir, (s‘)entendre, (se) sentir) suivis d’un infinitif susceptible d’avoir son propre sujet, différent de celui du verbe principal.

(1) Les malades ont senti leurs vertèbres se déplacer.

(2) Il s’est entendu répondre : « J’apprends la patience. »

Ces emplois sont le plus souvent considérés comme des phénomènes de désémantisation, de délexicalisation ou de grammaticalisation. Je proposerai une analyse en termes de subjectivation (ou subjectification). Cette notion, telle qu’elle a été élaborée par R. W. Langacker, désigne une extension sémantique menant d’une conception objective d’une entité à une conception plus subjective. Ce changement est le résultat d’une modification de la perspective sous laquelle est construit l’objet de la conceptualisation. Dans l’exemple (3), la valeur de futur de la construction voir baisser résulte de la présence dans l’objet de la conceptualisation d’éléments propres au sujet de la conceptualisation et au processus de conceptualisation : projection du conceptualiseur dans le futur.

(3) Bruxelles veut voir baisser les prix des communications à l’étranger.

Une attention particulière sera accordée aux phénomènes de diathèse qui vont de pair avec l’atténuation du contrôle exercé par le sujet du verbe de perception et la variation dans la dynamique des forces « incarnées » par les arguments des deux verbes de la construction.

(4) Il a vu l’avion décoller normalement sur la piste.

(5) Apple a vu ses chiffres s’envoler au 4e trimestre.

(6) Cette année a vu le rythme des réunions augmenter significativement.