Recueil des résumes PDF (3,2 MB)

Francontraste 2010










ALVIR Spomenka
(Université de Fribourg, Département du Plurilinguisme et des langues étrangères)

 

Espaces de ville, espaces des langues

 

L’objectif de cette communication est de mettre en exergue les corrélations qui existent entre les facteurs espace-temps et l’usage des langues dans les interactions quotidiennes en ville et avec la ville. Les investissements des espaces urbains par les résidents étrangers sont influencés par les parcours de vie de chacun, par des liens sociaux établis dans la ville, par des appartenances multiples que l’acteur noue avec différents groupes et collectivités. Ces espaces favorisent en même temps le développement de nouveaux espaces identitaires se situant parfois dans les lieux « hybrides » et « interstitiels » et parfois dans les espaces « hors champs », invisibles, camouflés ou cachés. Lire la ville par le biais de ses espaces et ses langues nécessite une approche pluridisciplinaire empruntant des concepts aussi bien de la sociolinguistique urbaine que de la sociologie, géographie ou anthropologie urbaine.
Notre contexte se situe dans une ville moyenne (350 000 habitants) se réclamant cosmopolite et pluriculturelle (38% des étrangers, 80 langues différentes). Dans un tel contexte une micro-analyse des logiques individuelles s’est avérée nécessaire avec pour but d’identifier des stratégies d’affiliation et désafiliation des résidents aux espaces, aux groupes, aux langues parlées dans la ville. Cette première analyse est confrontée à l’analyse des politiques linguistiques de la ville.
Sur le plan de la méthodologie nous nous référons plutôt aux concepts de l’ethnographie et l’anthropologie visuelle. Nous avons choisi de travailler sur les cartographies (spatiales, linguistiques et symboliques) des parcours individuels, donnant la possibilité aux acteurs d’émettre leur propre interprétation (perspective intersubjective) à travers un récit visuel. Les cartographies établies illustrent la multiplicité d’action et des appartenances diverses de l’acteur pluriel (Lahire 2001) dans un contexte francophone mais tissé d’une texture urbaine plurilingue.

 

 

 

 

AZOUZI Ammar (Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de Kairouan, Tunisie)

 

Discours publicitaire et francophonie en Tunisie 

 

Avec l’avènement de la mondialisation, le paysage médiatique au Maghreb, comme espace francophone, a connu de véritables mutations linguistiques, tel est le cas de la Tunisie. Depuis quelques années un nouveau discours publicitaire envahit les enseignes et les spots publicitaires, comme espace discursif. Si le recours à la langue arabe et/ou française, peut trouver justification, entre autres dans l’histoire du pays, c’est l’émergence d’une langue hybride qui nécessite analyse. En effet, deux phénomènes peuvent retenir l’attention : le recours au dialectal, non officiellement reconnu, et le recours à une transcription littérale soit du dialectal en alphabet latin soit la transposition de mots de langues européennes (français, anglais, italiens) en lettres arabes ou dialectales.    Nous proposons de traiter de ce phénomène linguistique de la langue des enseignes et des spots publicitaires ainsi que des problèmes culturels et identitaires qui lui sont corrélés dans une perspective discursive en rapport avec la francophonie. Il s’agit pour nous d’une nouvelle forme de francophonie riche de leçons.
Dans cette perspective, nous essayerons de démonter le lien entre le recours à cette langue hybride -ni arabe ni française- et la question du rapport du Tunisien aux langues, à l’identité et aux discours de soi et de l’autre. Notre étude partira de définitions consacrées de l’analyse du discours et soumettra à l’analyse un corpus composé de photos, de diapositives et de séquences vidéos recueillis dans les différents supports publicitaires de Tunisie.

 

 

 

 

 

BAJRIĆ Samir (Université de Paris IV – Sorbonne, UFR de Langue Française)
RAFFAELLI Ida (Université de Zagreb, Faculté des Sciences humaines et sociales)

 

Construction accusatif – infinitif en français et ses  équivalents en croate : verbes factitifs et verbes de perception

 

Cette contribution propose une étude contrastive français-croate, adossée à un modèle interprétatif d’orientation syntaxique et capable d’apporter des éléments de réponse à des questions intéressant l’opposition verbo-nominale. Les constructions issues du couple verbe factitif ou verbe de perception + infinitif font apparaître une profusion de faits de langue. Cet axe d’analyse redevient particulièrement saillant dans le cas des verbes factitifs et des verbes de perception. L’énoncé Il a fait construire une maison (type : faire + Acc + infinitif) renvoie alternativement à Sagradio je kuću (type : absence d’équivalent verbal + accusatif) ou Dao je sagraditi kuću (type : équivalent verbe dati + infinitif + Acc). En revanche, un tour comme Il fait travailler son fils (type : faire + infinitif + Acc) peut correspondre à une construction, non exclusive, du type Daje sinu nešto za raditi (type : dati + datif + accusatif + infinitif prépositionnel). Le second domaine est épistémologiquement moins exigeant, dans la mesure où les verbes de perception relèvent des universaux du langage. L’énoncé J’entends les oiseaux chanter (type entendre + Acc + infinitif) aura plusieurs équivalents en croate sémantiquement distincts : Čujem kako ptice pjevaju / Čujem da ptice pjevaju / Čujem ptice kako pjevaju / Čujem ptice da pjevaju  (type : čuti + indicatif). Ainsi notre étude permet-elle de défendre l’idée selon laquelle deux structures syntaxiques différentes peuvent renvoyer à une valeur sémantique identique. A l’inverse, la construction Acc + Inf entraîne dans ses équivalents en croate d’importantes nuances sémantiques.

 

 

 

 

 

BARINOVA Irina (Université pédagogique d’Etat de Moscou)

 

Notions du « temps » et de « l’espace » en russe et en français

 

C’est toujours très intéressant et difficile de comparer ces deux notions dans des langues différentes. La tâche s’avère encore plus difficile, car le russe est une langue synthétique et le français est analytique. De cette distinction viennent d’autres discordances.
Nous tâcherons d’analyser la notion du « temps » en russe et en français et essayerons de mettre l’accent sur la perception de cette notion par les deux peuples. Soulignerons que les Russes en parlant d’une semaine pensent toujours aux 7 jours et les Français diront : « Marie est partie en France pour 8 jours ». Une femme russe en parlant de son bébé d’un an et demie dira : « Mon enfant a un an et demie ». Et la mere française précisera : « Mon bébé a 18 mois ». La question se pose : d’où proviennent ces différences ? Comment nos deux peuples conçoivent ces notions ? Le probleme non-moins intéressant s’impose avec la perception de la notion de « l’espace ». Comment les Russes la comprennent ? Comment les Francais la perçoivent ? Comment les Russes ont-ils exploré l espace ? Et les Français ? Nous tâcherons de repondre à ces questions en s’adressant aux mentalités russe et française. Nous ferons appel aux textes de Georges Perec et de Leon Tolstoï.

 

 

 

 

 

BIKIĆ CARIĆ Gorana (Université de Zagreb, Faculté des Sciences humaines et sociales)

 

L'expression de l'espace virtuel en français et en croate (article indéfini/subjonctif et leurs équivalents)

 

Dans cet article nous voudrions nous pencher sur la question de l'espace virtuel, exprimé, en français, à l'aide de l'article indéfini dans le domaine nominal et à l'aide du subjonctif dans le domaine verbal. Nous nous intéressons aussi à son expression en croate, qui ne possède ni l'article ni le subjonctif en tant que notions grammaticales. L'espace peut être considéré non seulement dans ses dimensions physiques, mais encore comme une dichotomie existence/non-existence, ce qui se traduit par la différence entre la réalité et la virtualité. Dans le domaine nominal, le fait que le référent est inconnu et peut-être inexistant, à savoir virtuel, peut s'exprimer à l'aide de l'article indéfini. Comme cet emploi de l'article indéfini entraîne, dans les propositions relatives, celui du subjonctif, cela nous rapproche de l'expression de la virtualité dans le domaine verbal (Nous cherchons une maison qui ait un jardin). Le subjonctif, à la différence de l'indicatif, présente l'action comme simplement envisagée dans la pensée, comme n'étant pas placée sur le plan de la réalité.  
Il nous paraît particulièrement intéressant de partir en quête des expressions de l'espace virtuel en croate, celles qui pourraient être considérées comme équivalents de cet emploi de l'article indéfini et du subjonctif en français. Nous illustrerons nos propos avec des exemples tirés du corpus formé à partir d'un texte en croate et sa traduction en français, puisque nous voudrions voir quels sont les éléments croates que le traducteur a reconnus comme expression de l'espace virtuel.