Argumentaire
À l’ère des innovations technologiques, le langage et le discours humains sont au cœur des préoccupations des sciences du langage, de l’enseignement du FLE, des études traductologiques et littéraires. La conceptualité de l’humain face à la technologie peut se comprendre comme la manière dont l’être humain pense, imagine et interprète ses rapports avec la technologie. Le Colloque vise à aborder la conceptualité de l’humain face à la technologie d’un point de vue philologique (c’est-à-dire à travers les sciences du langage et des textes).
La question de la conceptualité de l’humain se pose avec une acuité particulière. Comment l’homme pense-t-il, exprime-t-il et transmet-il son rapport à la technologie ? Quelles représentations linguistiques, didactiques, traductologiques et littéraires en découlent ? Le développement de l’intelligence artificielle (IA), notamment des modèles de traitement automatique du langage (TAL), bouleverse-t-il notre rapport au langage ? Les sciences du langage et des textes se trouvent confrontées à des problématiques inédites. On dispose de données massives pour analyser les usages. L’analyse de corpus à grande échelle permet d’objectiver les pratiques linguistiques : fréquence lexicale, cooccurrences et contextes d’usage donnent accès à la manière dont les locuteurs produisent et partagent le sens.
D’un point de vue linguistique, il s’agit d’interroger l’évolution des nouvelles technologies, notamment dans le domaine de l’intelligence artificielle, et les pratiques discursives qu’elles engendrent. L’IA manipule des signes sans visée situationnelles. Peut-on parler de « langage » au sens humain ou s’agit-il d’une simulation ? Quelle différence entre production linguistique humaine (contextuelle, situationnelle) et production algorithmique (statistique, prédictive) ? Peut-on parler d’énoncé, d’énonciation, de coénonciation, de discours sans sujet parlant ? L’IA « comprend-elle » ou simule-t-elle la compréhension et l’interprétation ? Quels sont les effets des méthodologies numériques et de l’exploitation de corpus multilingues sur la recherche linguistique ?