Recueil des résumés – Section Sciences du langage

Vjekoslav ĆOSIĆ

Université de Zadar, Croatie

Acte d’énonciation et la “dichotomie” langue/discours

On est habitué à considéré la langue et le discours comme une dichotomie (oposition) plutôt qu’un intégral. Dans la présente communication on les prend comme point de départ et point d’aboutissement de l’opération (médiatrice) d’énonciation avec le sujet parlant (énonciateur) comme acteur incontournable, l’opération en question se passant en lui et par lui. Cela met au centre d’intérêt la personne humaine (côté anthropologique) et la personne grammaticale (côté linguistique), à quoi on ajoute la question du temps opératif nécessaire au déroulement de l’opération. La problématique se réduit en effet au passage de la langue au discours, processus connu sous des termes comme actualisation, effection, acte d’énonciation, opération d’énonciation, etc. On passe en revue différentes théories et points de vue des auteurs français (Saussure, Bally, Guillaume, Valin, Benveniste, Joly, Culioli) avec illustrations empruntes au français et au croate.




Darja DAMIĆ BOHAČ

Université de Zagreb, Croatie

La transformation emphatique appliquée à l’identification des compléments du verbe en français et ses limites

Cette contribution, portant sur la transformation emphatique, présentera les procédés de dislocation qui, appliqués aux constituants du groupe verbal, contribuent à l’identification des différents types de rection verbale ainsi qu’à l’identification des difficultés relatives à la délimitation des compléments essentiels.

A la différence des compléments d’objet direct en présence desquels la dislocation de l’élément lexical confirme la fonction par la reprise pronominale (Tamara, Martin l’aime bien. Martin l’aime bien, Tamara), la dislocation des compléments datifs et de certains compléments non datifs se fait soit avec effacement de la préposition et avec reprise par le pronom conjoint (Son frère, elle lui donne tout. Cette histoire, on n`en parlera plus), soit avec la préposition mais sans reprise pronominale de l’élément régi (A son frère, elle donne tout. De cette histoire, on ne parlera plus).

Dans la dislocation à droite du verbe, la construction prépositionnelle de l’élément régi est rétablie avec annonce du pronom qui assure sa fonction (Elle lui donne tout, à son frère. On n`en parlera plus, de cette histoire). La dislocation des compléments d’objet indirect pronominalisés par le pronom disjoint soulève des questions concernant les possibilités de dislocation à droite, alors que la dislocation à gauche se fait soit avec effacement de la préposition du complément qui est restituée devant le pronom disjoint (Son frère, elle pense toujours à lui), soit en rétablissant la construction prépositionnelle de l`élément détaché (A son frère, elle pense toujours).




Mirta DESNICA

Université Paris-Est, France

Université de Zagreb, Croatie

Imitation, mimétisme, mimisme. De l’expressivité des énoncés fashion dans la presse française

En décrochage avec le reste du texte sur le plan sémiotique (changement de code), morpho-syntaxique (énoncés averbaux), sémantique (expression de l’appréciation, des émotions) et énonciatifs (polyphonie, dialogisme, intertextualité), les énoncés fashion sont dotés d’une grande expressivité que nous nous proposons de décrire en termes d’imitation, de mimétisme et de mimisme.

L’imitation sous-entend l’existence d’un modèle que l’on imite, dont on adopte la façon de faire, la façon de dire. Nombre d’énoncés fashion sont ainsi l’imitation de la réaction qu’un locuteur anglophone pourrait avoir dans une situation donnée.

Terme empruntée à l’éthologie, le mimétisme désigne le fait de reproduire les formes et les attitudes du milieu ambiant. On ponctue ainsi son discours d’un énoncé emblématique du locuteur ou de la collectivité en question pour montrer que l’on est au plus près de ce dont on parle.

Enfin, le mimisme n’est pas à entendre seulement en rapport avec le verbe « mimer », au sens de représenter au moyen de gestes, de mimiques, etc. (par exemple, on imite quelqu’un, mais on peut mimer la joie, la colère etc.). Nous faisons là référence à la notion de mimisme dans l’anthropologie linguistique de Marcel Jousse selon qui l’origine de la parole est dans le rejeu du réel. Au lieu d’être exprimée de manière analytique, une idée peut ainsi être jouée, mimée au moyen d’un énoncé fashion.

Appuyée sur un corpus d’énoncés fashion constitué en dépouillant une trentaine de magazines féminins et d’information générale, notre étude met en lumière une forme particulière d’expression de l’affectivité et de la subjectivité dans le discours de la presse française contemporaine.