Recueil des résumés – Section Didactique

Yvonne VRHOVAC

Faculté de philologie et lettres, Université de Zagreb, Croatie

L’apprenant et la diversité de ses identités

Quelle est la nature du dialogue didactique? Au cours des interactions en classe de langue il y a des phénomènes d’énonciation intéressants.On peut noter des sources énonciatives diverses. Nous allons nous concentrer sur le rôle de l’apprenant comme locuteur en situation d’interaction didactique.

On observe les moments quand le dialogue de l’enseignement cesse d’être le dialogue didactique, un vrai faux dialogue qui se déroule selon un format atttendu, un rituel, imposé par l’institution. Le thème du dialogue est imposé dans la plupart des cas par l’enseignant. Si les apprenants ont envie de dialoguer ou pas cela n’est pas pris en compte par l’enseignant. Pendant les activités de dramatisation, simulation ou jeu de rôle les participants jouent à être autres qu’eux –mêmes. Ils sont énonciateurs des énoncés dont ils ne sont pas auteurs dans la plupart des cas. Cependant on impose d’une certaine façon en même temps une double contrainte aux apprenants (Waclawick, Palo Alto) en leur disant d’être détendus et créatifs et d’être en même temps conformes aux objectifs de l’apprentissage – „faites attention de ne pas faire trop de fautes dans vos réalisations linguistiques“. C’est la raison pour laquelle au cours de l’analyse du discours de l’apprenant, on fait une distinction entre le moi réel et le moi apprenant (Cicurel,1997).

Quand peut-on observer des traces des interventions personnelles des apprenants? L’apprenant a droit de poser des questions s’il n’a pas compris quelque chose, s’il n’a pas compris les interventions de l’enseignant. Il est attentif au discours de l’enseignant surtout aux moments où il s’agit des gloses métalinguistiques. S’il intervient c’est qu’il vérifie alors les accords entre une règle prononcée sur une question linguistique et l’usage de cette question mentionée par la règle. La langue devient alors l’objet des interactions. L’apprenant devient lui même quand il défend sa face (Goffman) au moment d’une correction injustifiée. L’apprenant devient personne appartenant au monde réel aux moments où les interventions deviennent de moins au moins pédagogiques et se réfèrent au monde réel, au monde extérieur de l’apprenant. On se pose alors la question qui est le je qui parle. La situation énonciative devient alors comparable à la sitution de théâtre, au texte prononcé par les acteurs. Il y a d’un côté un texte imaginaire (écrits par l’auteur de la méthode ou l’auteur de la pièce de théâtre ) lié au réel. L’apprenant imagine d’être quelqu’un d’autre. Dans ces moments de double identité, il y a le passage de l’identité réelle à l’identité imaginaire, il s’agit d’un glissement entre le je-personne et le je-apprenant. On constate une coexistence entre le registre ludique, fictionnel et le registre sérieux. Dans le monde réel, dans ce monde de je-personne, l’apprenant a toute la possibilité de s’exprimer personnellement et d’agir sur ses co-apprenants. La réussite de ce jeu du monde réel dépend également de l’implication des co-apprenants, des co-énonciateurs dans le jeu où les co-énonciateurs co-construisent le discours. Nous parlons alors d’une énonciation collective qui a des ressemblances au jeu théâtral (Škiljan).